3/18/2012

Oh ! qui que vous soyez, qui voulez être maîtres

Oh ! qui que vous soyez, qui voulez être maîtres, 
Je vous plains. Vils, méchants, féroces, lâches, traîtres, 
Vous périrez par ceux que vous croyez tenir. 
Le présent est l'enclume où se fait l'avenir. 
L'araignée est plus tard prise en ses propres toiles. 
Aux noirs événements si vous ôtiez leurs voiles, 
Vous reconnaîtriez, tremblants, nus, mis en croix, 
Dans ces bourreaux masqués vos fautes d'autrefois ; 
Derrière lui le meurtre, ivresse, succès, gloire, 
Laisse un vomissement qu'un jour il faudra boire ; 
En étouffant en vous l'horreur, l'inimitié, 
La rage, c'est de vous que vous auriez pitié ; 
Les dépenses de sang innocent sont des dettes ; 
La trace de l'effort violent que vous faites 
Pour être à jamais rois et dieux solidement, 
Vous la retrouverez dans votre écroulement ; 
Votre fureur revient sur vous, et vous châtie ; 
La foudre qui sur vous tombe, est de vous sortie ; 
Si bien que le sort donne à la même action 
Deux noms, crime d'abord, plus tard punition.
 
Victor HugoL'Année terrible 
 

Aucun commentaire: