3/15/2012

Prix Méditerranée des lycéens 2012 - Rencontre à Carcassonne

"Un poète, c'est quelqu'un qui bricole dans l'essentiel." Cette phrase de Pierre Autin-Grenier, je la porte avec moi. Je la plie en quatre, la roule en boule dans un papier de bonbon et la garde au fond de la poche à chaque fois que je dois aller jouer à l'écrivain pour une rencontre ou un salon. J'ai essayé de bricoler cette semaine. Je suis allé à Carcassonne rencontrer des élèves dans un lycée le matin et des lecteurs le soir dans une librairie. Ceci grâce à l'organisation chaleureuse du Centre Méditerranéen du Livre. J'y suis allé. j'ai fais ce que j'ai pu. J'ai bricolé. L'essentiel y était. Du partage. des questions. De l'écoute. J'ai stocké un peu de matière pour les jours sans pain. 
Le train. Tous ceux qui essaient de défendre un livre connaissent les trains. On s'appellent par nos prénoms. Je suis entré dans la gare avec la main de quelqu'un autour de mon bras et j'étais fier. En attendant l'animal de fer, j'ai pu apercevoir un enfant qui lisait Mickey sur un banc. Un homme en costume qui tentait d'insérer un demi flanc dans sa bouche. La plus grande paire de rouflaquette du monde. Dans le train une dame avec un manteau de fourrure lisait Siné-hebdo. Les gens sur les quais se faisaient décoiffer par le vent. Quelque part entre mon lieu de départ et ma destination, la masse grise du ciel a été trouée de lumière. Certains ont du  le prendre comme un signe pour croire en Dieu. Moi je me suis contenté de le prendre comme un signe pour croire en tout à l'heure.
Et puis l'hôtel. Ils m'ont pris le plus près de la gare car je repars très tôt dans deux jours. Je suis bien tombé. Une grande et belle chambre vide au parquet qui grince. De la moquette verte. Des meubles anciens. Un lustre. Beaucoup trop de miroir pour un homme seul. Des pensées pour les miens. Ma douce qui trime. Un cadeaux à ramener à mon crapaud.   
Et puis les rencontres. Les cafés. Un jour à fumer plus de clopes. Carcassonne ventait comme jamais. 60 lycéens et trois profs ont levé le doigt et je les désignais en disant "oui ?". Les questions allaient du : Pourquoi les yeux blanchiraient ? à : Pourquoi y'a des titres sur les paragraphes ? La forme les a un peu déroutée et les références ne les ont pas trop touchés, je crois, mais nous avons parlé de la poésie, de Victor Hugo, de Pec, etc. Ils étaient ouverts. Sympa. Curieux. Une fille toute rouge à la fin m'a demandé si je voulais bien lire ses poèmes. C'était touchant. Ils ont particulièrement apprécié lorsque je leur ai avoué que j'avais repassé trois fois mon bac. Bien sur je n'ai pas dis ce que je voulais dire. J'aurais du dire : Je crois qu'on partage tous ça. L'expérience de ça. Cette grande farce atroce et sublime. Ce que c'est de blessure et d'éclat. Ce que c'est de vivre. On a ça en commun. Tous. Et je crois que la meilleure façon de le partager, comme on partage du pain quant on a faim, la meilleure façon, c'est l'art. Et pour moi l'écriture. Je voulais leur parler aussi du poème à ceux qu'on foule aux pieds de Victor Hugo, extrait de L'année terrible mais j'avais oublié le titre. Bref , j'ai bricolé. C'était joyeux et bancal. Ensuite on a mangé à la cantine. Haricots nuggets. C'était drôle de se retrouver là. dans une cantine scolaire.
Le soir, librairie tendre et accueillante. Une quinzaine de personne. Belle lecture de Valérie Schlée. Belles rencontres. Les gens ont eu l'air agréablement touchés par mon bidule. J'ai parlé. J'ai bu du vin. J'ai dis merci. Plusieurs fois.
Avant de rentrer, j'ai cherché un casque de chevalier pour mon crapaud. Finalement je suis revenu avec un masque de schtroumpf...

2 commentaires:

Gilles a dit…

Joli report de ces rencontres, j'ai particulièrement aimé votre "J'ai essayé de bricoler cette semaine." Cela est si différent de ce à quoi j'ai cru si longtemps, une force infinie du progrès, si "tellement plus" humble, mais j'avais de bonnes raisons, on a souvent de bonnes raisons, je vais essayer le bricolage.

thoams a dit…

Merci Gilles. Bricolons, bricolons...