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En voyant l’alignement immense des bâtiments roses, il fut encore plus frappé que d’habitude par la similitude parfaite et presque inquiétante des petits carrés de béton. Les maisons pavillonnaires roses. Le terrain vague d’à peu prés la même taille que la maison. La clôture en grillage vert avec les poteaux verts également. Le crépi. La boite aux lettres carrée et beige. La voiture devant sur le gravier. Le petit tas de bois dans le fond. Le chien qui se morfond un peu plus loin. Le bloc blanc des compteurs électriques. Les bordures de lavande. Une haie de laurier ou de sapins pour les privilégiés. Une niche. L’emplacement du feu de nettoyage. Les vélos des enfants qui traînent sur le gravier. Le mobile en aluminium qui sonne dans les arbres. Quelquefois la porte blanche, métallique, des garages. Les sachets plastiques qui revenaient toujours du chantier d’à côté à cause du vent. La poubelle verte. Un olivier parfois ou quelques pieds de tomates gelés.” Puisqu’on a tous la même maison, peut être qu’on a tous la même vie” se dit il, peut être qu’aujourd’hui, tout le monde fait comme moi, et il imagina en souriant le reste du monde en train de s’arrêter de faire, comme lui, et de se mettre à sortir, à marcher, par milliers, comme une armée de golems décidés à récupérer leurs cervelles. Cette idée le fit sourire une bonne trentaine de secondes, malgré les gerçures et le vent.
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(extrait de : La Forêt)
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