5/18/2012

Y'a des claques qui se perdent

J'étais là, à peine posé dans ce connard de hamac, un peu tranquille dans l'ombre chaude de Mai, juste après le repas, après la course du matin et la crise du petit, et sa sieste et la vaisselle et tout le bordel habituel. J'étais là donc, dans ce connard de hamac, à bouquiner pépouze ce super recueil inédit de Bukowski relatant son voyage en Europe*, à me laisser croire que bordel j'avais bien mérité ce moment, ces poèmes délicieux et tranchants comme un couteau en  lame de nuit dans cette léthargie de panse pleine, et peut être même une sieste tient, sous les pages de ce super livre, dans la salle d'attente du temps, dans cette tiédeur pas dégueulasse. Mais voilà, le bouquin trop épais tient mal sur ma tronche, et les mouches m'emmerdent, et les oiseaux piaillent et ces cons de voisins font autant de bruit lorsqu'ils sont heureux que lorsqu'ils ne le sont pas. Et puis ça me gratte le bide. Et puis ça se saurait si on a ce qu'on mérite. Et  puis l'est mince ce hamac. Et puis crac, tout valdingue et je me retrouve le cul par terre, dans le chaos de la lumière et la disharmonie paisible du monde et l'indifférence générale. Et je me frotte les reins en plissant les yeux. Et je me relève en me disant que y'a des claques qui se perdent. Et que la vie parfois ça sent vraiment le foutage de gueule. Et qu'il n'a décidément pas tord ce vieux dégueulasse, à balancer ses doigts d'honneur aux dieux qui rient fort dans le noir.


* : Charles Bukowski, Shakespeare n'a jamais fait ça. 13° Note éditions, 2012.

2 commentaires:

Christian Cottet-Emard a dit…

Je n'ai jamais rien compris au hamac.
Une nuit, après une fête, j'ai couru de grands dangers en dormant tout nu dans un hamac et je me suis réveillé le matin comme une paupiette.
Une autre fois, c'est un chat qui me sautait sur le ventre et qui se prenait sans doute pour une bouillotte en plein été à chaque tentative de sieste dans le hamac.
En plus, un hamac ça tombe, surtout lorsque comme moi, on ne sait pas faire les nœuds et qu'on n'a pas de projet de régime.

thoams a dit…

Merci cher Christian de dénoncer avec moi l'imposture délicate du hamac. Une seule solution ; Pendons les !