5/15/2013

Des peintures de guerre avec les restes d'hier

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 Accroupi dans l'herbe au bord du cercle noir et sale d'un ancien feu de jardin, Joseph trempe ses deux doigts tendus dans la cendre.  La matière, blanche et grise, humide et froide, colle comme du pastel gras. A la manière du dernier des mohicans face à son ultime matin, il dresse un regard fier vers le lointain en traçant sur ses joues deux diagonales de neige sale. Des peintures de guerre avec les restes d'hier. Voilà de quoi se préparer pour la chasse. Et le fait que le gibier qu'il vise soit un paquet de chamalow géants ne change rien à l'affaire. La tortue lunaire et ses moustaches en chocolat seront son animal totem. Le grand esprit des âges farouches pue de la bouche, sera son incantation chamanique. Noé est à ses côtés, spirituellement parlant bien sur. Il prend des notes sur un papier sale dans la cabane afin de lui enseigner à son retour les rudiments d'un bon chasseur guerrier. Pour ce qui est du lance-pierre, un bon Y, bien échancré. Compte 15 centimètres pour le pieds et quinze pour les branches, maximum, en tout les cas moitié-moitié, d'un bois solide, le chêne ou le châtaignier. Des graviers ronds et une chambre à air doublée. Pour un arc, privilégier un bois souple, le noisetier pour commencer, mais il casse en séchant. L'If est un bon arbre aussi, par contre il demande plus de travail. Certaines lames de bambou font parfaitement l'affaire. Une corde pas trop épaisse, ficelle tressée finement, chanvre ou lin, ou fil de pèche pour les plus ambitieux. Quant aux flèches : osier, noisetier, saule, bambou, peuplier. Bien droites c'est ça l'important. Une entaille d'un côté, une pointe de l'autre, pour les plumes et la tête de flèche, y'a pas non plus marqué Yakari sur mon front, faudra se débrouiller. Ça va saigner.
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(Extrait d'un roman en cours : Le Daron Perché)

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