7/02/2013

Courtilière


Il y a quelques semaines quelqu'un amène une drôle de bestiole dans une boîte, il l'a trouvé sur la bâche de sa piscine. C'est un insecte, presque un doigt de long et de large, corps épais, carapace marron, mandibules, pattes avant griffues et surtout palmées. Il a des ailes aussi. Le vieux du village lâche un nom, courtilière, les grillons-taupes, ça creuse des galeries et dévore les racines, c'était un sacré nuisible des jardins avant. Quelle étrange et vilaine bestiole, je songe à mon cabinet de curiosité. Les semaines passent. J'échange des livres avec les gens. C'est bien d'échanger des livres avec des gens. Potlatch. Le hasard des rencontres virtuelles et poétiques m'amène à le faire avec Dominique Boudou. Un bel échange. Une proximité taiseuse. ça me parle les taiseux. J'aime son écriture. Elle est sobre. Belle. Retenue. Courageuse. Il marche avec ses mots le plus calmement possible tout au bord de sa nuit. Il tâte, de la pointe de l'orteil, dans le noir. Il passe en premier. Il avance. Pas à pas. Nos plaies sont nos pays. Et voilà comment il y a quelques jours je me retrouve à lire Quand ta mère te tue, édition Pleine page. C'est un livre qui donne l'oxygène car il dit l'étouffement. C'est un livre au fond de la mine, de galerie, qui cherche la surface. Et je ne regarderai plus jamais les courtilières de la même façon.

3 commentaires:

Dominique Boudou a dit…

Eh ben ! Me voilà tout ému... et j'avais oublié que les courtilières avaient les pattes palmées, ce qui les rend plus inquiétantes encore, mais moins que les mantes... brr !

Merci vraiment Thomas... et continuez à creuser des trous.

thoams a dit…

Merci à vous Dominique. D'un trou l'autre, en retournant la terre, nous pourrions même finir par creuser le ciel...

Brigitte Giraud a dit…

Partage d'une émotion, (en terre connue)!