Raymond Chandler |
« Quand
on écrit « taché de rouille » (ou grêlé, et j’oserais presque
« boutonneux ») on évoque immédiatement une image visuelle. Mais en
disant « acné de rouille » on détourne brutalement l’attention du
lecteur de ce que l’on décrit, pour la reporter sur l’affectation de
l’écrivain. C’est naturellement un exemple très simple du mauvais usage du
style, et je crois que certains auteurs se trouvent obligés d’employer des
phrases recherchées par manque d’émotion animale naturelle. Ils ne sentent
rien, ce sont des eunuques littéraires, et par conséquent ils s’en remettent à
une terminologie contournée pour bien montrer leur distinction. C’est ce genre
d’esprit qui garde en vie les magazines d’avant-garde… »
2 commentaires:
Curieux de lire la VO. Les traducteurs bourgoisiens ont l'art d'académiser l'anglais US. Comme jadis Baudelaire avec Poe. Quand Matthieusent traduit "That said" de Big Jim en "Ces prémisses étant posées" on peut se poser dans sa chaise longue si on en a une.
délicieux exemple Big Eric !
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