9/04/2013

Le grand désert bleu




Le chien jaune est revenu ce matin près des poubelles. Je suis descendu d’un pas tranquille, sans prendre l’ascenseur pour ne croiser personne et je lui ai amené de la viande. Il a eu droit à l’énorme dinde congelée que Trud gardait pour les fêtes. Qu’il aille se faire enculer ce petit sous-fifre cruel. Il veut me baiser tous les vendredis pendant que sa femme est à la réunion du syndicat des copropriétaires de mes deux. Ils ont affichés un papier à l’entrée de l’immeuble pour dire que tout le monde serait en sécurité si chacun surveillait les autres. S’ils me voient nourrir les vautours et les dingos ils auront une bonne raison pour me virer. Qu’ils crèvent dans leur immeuble blanc. Et ce soleil infâme dans le grand désert bleu. Je voudrais que tout prenne feu une bonne fois pour toute. Moi je reste là. Avec les scorpions. Ici je suis bien. Je ne vois presque pas le ciel.

(ce texte fait partie d'un travail collectif de micro-fictions autour des superbes peintures de Jeremy Liron à paraître un de ces quatre chez Nuit Myrtide)

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