8/28/2014

Là plupart du temps on le laisse là haut

Ils ne sont pas si nombreux les moments où l'on regarde vraiment le ciel. Les yeux dans les yeux, le blanc dans le blanc et le bleu dans le bleu. Lorsqu'on attend, longtemps, on va voir là haut, tout au fond, le grand rien nous faire des clins d'oeil. Lorsqu'on s'ennuie. Lorsqu'on fume, le corps lessivé par le jour, du goudron pour retourner vers les nuages. Lorsqu'on est très triste ou très en colère, qu'on maudit quelqu'un ou qu'on n'a justement plus personne à maudire. Le matin parfois, après avoir claqué les volets en grand, avec cette espèce de force enfantine, prêt à piétiner le désastre. Lorsqu'on est perdu, épuisé, au bout de la marche. Dans la ronde ivre de la fête. Lorsqu'on est loin du but. Lorsqu'on prie. Lorsqu'on pleure. Aux prémices de l'orage. A la quête du désastre. On sait ce que fait le chien quand il fixe l'horizon. Les oiseaux n'ont pas le temps, ils nagent déjà dedans. Les singes essaient parfois de le remplir de cris. Là plupart du temps on le laisse là haut, au dessus de nos épis, comme des fourmis qui se foutent du crépuscule.

6 commentaires:

DomdeLyon a dit…

Merci pour la part des nuages... Le ciel, je le regarde souvent, longtemps, à l'aube de préférence et parfois au crépuscule. Je l'interroge dans l' attente de réponses moins terre à terre... et je l'écoute m'ouvrir les yeux.

Anonyme a dit…

"Que chaque phraze soit pour ainsi dire teinte et légèrement imbibée." Joseph Joubert

Les phrases de Thomas se sirotent en douceur et profondeur comme les filles du bord de mer.

thoams a dit…

Merci messieurs !

lacotevincent a dit…

Tchoin ! Tchoin ! Tchoin !

https://www.youtube.com/watch?v=iVS_5R7JwKs

Anonyme a dit…

Vous nous faites lever le menton ! Le ciel de ma fenêtre, celui de Grenoble, est encombré de montagnes, et les nuages s'entassent dans le bleu qui reste, et prennent les teintes qu'ils veulent...

Anne Le Maître a dit…

Les mots me manquent pour dire combien ceux-ci font mouche.
Merci.