5/20/2015

Le Darwinisme expliqué à ma poule



Il y a cette poule devant un couteau. Elle n'en sait rien de ce couteau. Tente de le goûter. Tourne autour. S'y pique. S'y éblouit. Jour après jour elle ira s'habituer à ses reflets dans un mélange d'admiration et de terreur. Lorsqu'elle ne le craindra plus, elle l'oubliera. Il disparaitra gentiment sous ses fientes. 
Le bonhomme dominant lui saurait s'en servir. Le bonhomme prendra le couteau. Il commencera par en jouer. Jusqu'à se faire mal. Peut être se mirera t-il dedans. Et puis il fera le malin. Paradera. Menacera. Il apprendra à couper, tailler, planter, prendre ce qu'il veut. Prendre mieux, plus rapidement, avec plus de force. Protéger mieux. Se reproduire et s'étendre. Il bouffera la poule. Sera le plus fort. jusqu'à ce qu'un plus fort lui coupe un bout de peau et lui prenne le couteau.
Le blessé, le vieillard, le faiblard, le pas fini, l'enfant, le bonhomme dominé, observera tout ça à bonne distance. Avec le mélange de peur et d'admiration de la poule. Avec le mélange de savoir et de pouvoir du dominant. Il observera de loin, jusqu'à ce que le costaud repu s'endorme dans le sang. Il volera le couteau. N'envahira personne. Se croira plus fort. Se grisera. Se coupera. Peut être se mirera t-il dedans. Peut être parviendra t-il a mieux nourrir son enfant. Et avant que le dominant revienne lui briser le crâne, peut être essaiera t-il de peindre avec le couteau et le sang.

1 commentaire:

SaP (Sylvie) a dit…

J'adore ces mots (qui paraissent) si simples