7/18/2015

Sans toutes ses peaux

Elle me dit qu'elle est déchirée
par la fatigue et la séparation
d'avec la vieille maison
d'abord la maladie
et puis la mort de Pierre
et puis les affaires
les livres
la maison
un peu comme
si elle avait dû elle-même
arracher chacune
de ses peaux
à présent elle se repose
seule avec son chat
j'imagine qu'elle a froid
même en pleine canicule
 elle a froid
sans toutes ses peaux
je suppose que c'est cela
vieillir
qu'il s'agit de ça
de s'éloigner
comme l'éléphant
d'être de plus en plus loin
de ce qui nous a tenu chaud
elle nous appelle
prend des nouvelles
des enfants
du chien
de nos petits lampes
je voudrais
lui dire les rires
comme un voile
sur ses épaules abîmées
je voudrais
frotter les mots
comme deux cailloux
et rallumer une braise
une toute petite braise
pour la poser
entre ses mains





(à Aline)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Très jolie. Mélancolique, chaleureux. Il y a sans doute une faute de frappe , "petitEs lampes" à moins que ce soit une faute "volontaire" dont le sens m'aurait échappé.

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup... un texte doux et déchirant en même temps sur la vieillesse.