4/30/2017

Le peut âbre - Louise Michel

"Jadis, là, dans un hermitage, vécut pendant longtemps un malandrin, saint homme pendant le jour, détrousseur  de voyageurs pendant la nuit, à qui les braves gens du pays payaient en chère lie des prières pour les délivrer du peut âbre qui courait le bois et la plaine, sitôt le lever de la lune.
Et, sitôt aussi le lever de la lune, se retirait le saint homme dans la solitude, car le peut âbre c'était lui!"
Louise Michel, Mémoires, Flibuste

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Alors là je suis bien embarrassé, je ne comprend pas la signification de âbre, pour "peut" on peut imaginer que c'est petit en patois mais "âbre"... Sinon, la forme italique c'est toi ou bien c'est dans l'original, à la Gracq ? Une question qui me permet de placer que j'ai lu le rivage de Syrthes de Gracq, cette semaine (le livre préféré de Macron parait-il, je dis ça, si ça peut convaincre ne serait-ce qu'un abstentionniste et pourquoi pas, soyons fou, un électeur de Le Pen de voter pour lui et que ce soit cette voix qui fasse pencher la balance du bon côté...) et ça m'a tellement plus que j'ai enchaîné la lecture d'Un balcon en forêt, et ça m'a tellement plus que j'ai lu aussi des extraits de En lisant et en écrivant ;

« La lecture des deux tomes compacts du livre de Joachim Fest* sur Hitler ressuscite tout à coup si brutalement l’ancien cauchemar que je n’ai pu me résoudre à sortir ce soir pour aller au théâtre, comme j’en étais convenu ; je suis resté rencoigné chez moi, l’esprit flasque et frileux comme un linge mouillé, le cerveau assiégé du volètement des larves et des lémures. J’avais vingt ans quand l’ombre d’un mancenillier commença de s’allonger sur nous, c’est cette année là que le nazisme explosa et projeta d’un coup cent-dix députés au Reichtag. La signification du fait – c’est bien rare – fut comprise et évaluée sur le champ, et son aura immédiatement perceptible à presque tout le monde. La montée de l’orage dura des années, un orage si intolérablement lent à crever, tellement pesant, tellement livide à la fois et tellement sombre, que les cervelles s’hébétaient animalement et qu’on pressentait qu’une telle nue d’apocalypse ne pouvait plus se résoudre en grêle, mais seulement en pluie de sang et en pluie de crapauds. »

*Joachim Fest, historien et journaliste allemand. Parmi ses ouvrages: Le Führer, Histoire de la résistance allemande, Les derniers jours d’Hitler.

Si ça peut aider ça aussi...

Anonyme a dit…

Après quelques recherches supplémentaire, je crois pouvoir dire que "pêute" veut dire "mauvais, laid" dans le patois de la région de Langres, lieu de naissance de Louise Michel. Dans les vosges, un peu plus au Nord donc, je me souviens que dans les villages on utilisait "pêute bète" comme une insulte mais ça ne me dis toujours rien de sens de "âbre", peut-être cela est-ce du patois meusien et signifierait arbre. La Meuse, les vosges, la Haute-saône, c'est relativement peu espacé géographiquement. Peut-être est-ce une pêute explication.