Tu pars dans la nuit et tu reviens dans la nuit. La tristesse ne te
mérite pas. Tu n'as jamais le temps de finir ton thé. Je le bois pour
toi. Je te bois avec lui. Les cœurs sont des parenthèses qui tiennent
chaud. Il existe une multitude de tristesse. Un habit pour chaque jour.
Nuancier de couleurs. Gamme infinie des pourritures. Richesse qui ne vaut
rien. Cette écharpe qui vous étrangle ou vous réchauffe gentiment. Il y
a la tristesse contemporaine et la tristesse archaĂŻque. La tristesse
pavillonnaire et la tristesse des grands buildings. Celle,
stroboscopique, du samedi soir et celle, paquet de chips vide, du
dimanche après midi. La tristesse mondaine et la tristesse sauvage.
Celle qui serre les dents et celle mains dans les poches. La tristesse
vitre de bus et la tristesse des bancs publics. Celle salle d'attente.
Celle jour de solde. Celle genou saignant. Celle chien malade. Celle du
fauteuil en velours et celle du bord du canal. La tristesse Ă la peau
chaude salée et celle aux lèvres gercées. Celle qui tape dans les murs
et celle qui s'assoie par terre. Celle des souvenirs qu'on aime et celle des souvenirs qu'on n'aime pas. Celle qui s'use vite et celle qui tient
doucettement le temps. Nos cœurs ne sont pas rouges, ils sont bleus. Tout te va mais rien ne te mérite. Je voudrais
que tu ne sois jamais triste. Quoi que. Un petit peu. De temps en temps.
Juste assez pour avoir encore cette impression magique, ce pouvoir, de te
libérer d'une geôle immonde, rien qu'en te faisant sourire.
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