5/14/2018

Après le déluge

Après le déluge le soleil brillait trop. Par dessus les ruines étincelantes, le ciel était bleu comme un gyrophare des urgences qui ne viendrait sauver personne.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

... sinon les êtres en mal de beauté.

Anonyme a dit…

Je l'aime bien aussi celui-là. Il est court mais il puissant comme il faut. "... comme un gyrophare des urgences qui ne viendrait sauver personne", j'y ai repensé au cour de la journée. J'emmène comme ça des poésies ou des petits bouts de poésie partout où je vais, dans mes poches ou dans ma mémoire, en cas d'urgence, celle-là est particulièrement appropriée. Il y a des jours il faut que je me face violence comme pas possible pour décoller de mon clavier et de mes lectures que ce soit pour aller au boulot ou pour passer la tondeuse dans le jardin. J'ai longtemps cru que j'étais un fainéant, je le crois encore parfois, moins qu'avant, en fait je travaille beaucoup, à ne pas sombrer. Je suis en mal de beauté. Je connais le remède, te lire, toi et d'autres, lire de la poésie et en écrire. Une fois, au boulot, un collègue évoquait le cas d'une petite fille dont les parents avaient appelé les urgences en pleine nuit parce qu'elle faisait une méga crise d'épilepsie, rien de drôle à priori, au contraire, mais c'est un joyeux souvenir pour moi parce qu'un collègue qui était à coté de moi m'a soufflé dans l'oreille, "c'est beau les gyrophares la nuit", il avait raison mais c'était tellement incongru de dire ça à ce moment-là que je suis parti en live, un fou rire terrible, j'y repense en souriant d'ailleurs. Hier des manifestants, dont des enfants tués à Gaza, sous le soleil exactement, des ambulances aussi, des brancards sur lesquels ont transporte des blessés ou des déjà morts en courant pour les remplir. Comment on ferait pour supporter toute cette merde, la folie des hommes, notre folie, sans des mots comme ceux que tu as laissé ici, sans la poésie ?