6/20/2018

Impossible à combler


La cause avait perdu ses couleurs, puis sa forme, jusqu'à ce que plus personne n'en puisse déceler l'exact souvenir. Les conséquences avaient germé, fleuri, fané, pour finir par redevenir poussière et s'évaporer comme la plus sûre des plantes. Ne restait que le trou. Son infini moiré. Impossible à combler. Une Plaie sans viande. Un abîme sans fond. Une noirceur absolue qu'aucune lumière jamais ne parvenait à parcourir ou à percer. On avait fait avec. Jeté des trucs au fond. Délimité les bords. Muraillé tout autour. On avait appris à ne pas trop traîner vers là bas. Ne pas l'oublier complétement non plus. S'y pencher le moins possible, toujours avec la plus grande vigilance. On avait appris à en reconnaître les exhalaisons. A en mesurer les anticyclones. A sentir les prémices et les bouillonnements de l'interminable obscurité. A s'accrocher. A savoir attendre. A vivre malgré tout. On en avait tissé des histoires, des contes à dormir debout. Des légendes à transmettre. Des lambeaux de peur digérables à offrir en nourriture aux générations suivantes. Ne restait que le trou. Son infini moiré. Impossible à combler. Le trou. A l'intérieur.

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