6/20/2020

Ce n'est rien. Juste le monde.

Aux cosses sèches qui moussent dans les champs. Par les grandes vagues d'argent des peupliers au vent. Tu pourrais fermer les yeux et marcher dans de l'or. Épuiser tes cauchemars à l'affut des fleurs et des plumes d'un beau corbeau mort. Croiser un geai plus bleu que le ciel et plus rouge que le sang qui te boue dedans. Mâcher le fenouil et l'oignon sauvage. Sucer la résine du grand pin torturé par les hommes. Jusqu'à te désaltérer d'amertume. Cueillir le millepertuis entre l'ombre et le serpent. Charogner la rivière comme un chien. Avancer debout en plein jour. Ce n'est rien. Juste le monde. Que tu traverses sans voir.

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