J'avais enlevé ce passage, cauchemar de Victor, de mon roman Fin de saison pour des raisons de construction narrative. Je le retrouve aujourd'hui, était il prémonitoire ? deux personnages s'y articulent, l'une dont on ne parle pas assez souvent et l'autre dont on parle trop :
"Une
masse qui s'agite dans l'obscurité. Une masse grouillante et
désordonnée. Une ombre. Deux. Deux ombres désarticulées. Je n'ose
ni m'approcher ni bouger. Surtout aucun mouvement. Fermer les yeux.
Arrêter de respirer. C'est intenable. J'ose un clignement de
paupière. En profite pour reprendre mon souffle. La chose remue
toujours. Comme une grosse flaque de noir. Elle ne m'a pas remarqué.
Peut être qu'elle ne me voit pas. Ne me sent pas. Ou alors je lui
suis complètement indifférent. Mes yeux s'habituent à l'obscurité.
Je ne peux pas m'enfuir de toute façon. Je ne comprends toujours pas
ce que c'est. J'avance doucement les épaules et le cou. Je me penche
un peu en avant. Elle grouille toujours. Elle m'ignore toujours. Je
ne sais pas pourquoi je ne ressens plus de menace. Plutôt de la
curiosité. De la curiosité mal placée. Je veux voir. Un pas.
Encore un. La chose grouille. Grogne. Mouvements saccadés. Les
choses. Combien sont-ils là dedans. Je vois un dos à présent. Un
dos clair et maigre. Gris clair. Des cheveux filasses. Un corps noué.
Des os saillants. Je commence à avoir une idée. Une idée mal
placée. Le truc s'agite. Halète. Des mouvements saccadés. Le truc
est de profil maintenant. Debout. Je vois un cul. Un cul d'humain.
Plat et flasque. Gris. Des morceaux de peaux et de poils qui tombent.
Plus il s'agite et plus des morceaux tombent. Des morceaux de chair
et de muscle. Il grogne. Il tient quelque chose. Quelqu'un. Quelqu'un
qui est allongé devant lui. Jambe en l'air. Il tient ses jambes. Des
jambes fines et belles. Longues. Fermes. La peau de la seconde chose
n'est pas grises et
morne. Elle est d'une blancheur sophistiquée, galbée. Au bout des
jambes il y a deux petites fesses. Un beau petit cul blanc et ferme.
Une pomme d'amour. Un cul qui me dit quelque chose. Il la tient par
la taille. S'acharne. S'échine à l'intérieur. Elle respire fort,
gémit. Je vois son nombril, sa paire de seins mignons. Couverts de
long cheveux noir. Je sais qui c'est. C'est Sasha Grey. Ma reine du
porno. La plus belle et la plus salope de toutes. La plus
intelligente et la plus dégueulasse. J'avais un faible pour elle. Je
sais qu'elle me voit. Elle me regarde dans les yeux maintenant. Je
suis paralysé. Le truc s'échine toujours sur elle. Il perd de plus
en plus de bouts de viande, qui s'écrasent en suintant sur son corps
magnifique. Des asticots aussi. Plus ils s'agitent plus ça grouille.
Le truc ouvre grand la bouche et ricane. Alors, toutes ses dents
tombent sur la ventre de Sasha. Et elle hurle. Je ne sais pas si
c'est de plaisir ou d'horreur. C'est à ce moment là que le zombi me
regarde. Je reconnais sa tête baveuse, verte et jaune. Son air de
ressemblance avec Tullius Detritus le méchant qui sème la zizanie
dans Astérix. Ce côté petit cafard crispé. C'est Eric Zemmour."
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