9/21/2021

Tullius Detritus

 J'avais enlevé ce passage, cauchemar de Victor, de mon roman Fin de saison pour des raisons de construction narrative. Je le retrouve aujourd'hui, était il prémonitoire ? deux personnages s'y articulent, l'une dont on ne parle pas assez souvent et l'autre dont on parle trop :

"Une masse qui s'agite dans l'obscurité. Une masse grouillante et désordonnée. Une ombre. Deux. Deux ombres désarticulées. Je n'ose ni m'approcher ni bouger. Surtout aucun mouvement. Fermer les yeux. Arrêter de respirer. C'est intenable. J'ose un clignement de paupière. En profite pour reprendre mon souffle. La chose remue toujours. Comme une grosse flaque de noir. Elle ne m'a pas remarqué. Peut être qu'elle ne me voit pas. Ne me sent pas. Ou alors je lui suis complètement indifférent. Mes yeux s'habituent à l'obscurité. Je ne peux pas m'enfuir de toute façon. Je ne comprends toujours pas ce que c'est. J'avance doucement les épaules et le cou. Je me penche un peu en avant. Elle grouille toujours. Elle m'ignore toujours. Je ne sais pas pourquoi je ne ressens plus de menace. Plutôt de la curiosité. De la curiosité mal placée. Je veux voir. Un pas. Encore un. La chose grouille. Grogne. Mouvements saccadés. Les choses. Combien sont-ils là dedans. Je vois un dos à présent. Un dos clair et maigre. Gris clair. Des cheveux filasses. Un corps noué. Des os saillants. Je commence à avoir une idée. Une idée mal placée. Le truc s'agite. Halète. Des mouvements saccadés. Le truc est de profil maintenant. Debout. Je vois un cul. Un cul d'humain. Plat et flasque. Gris. Des morceaux de peaux et de poils qui tombent. Plus il s'agite et plus des morceaux tombent. Des morceaux de chair et de muscle. Il grogne. Il tient quelque chose. Quelqu'un. Quelqu'un qui est allongé devant lui. Jambe en l'air. Il tient ses jambes. Des jambes fines et belles. Longues. Fermes. La peau de la seconde chose n'est pas grises et morne. Elle est d'une blancheur sophistiquée, galbée. Au bout des jambes il y a deux petites fesses. Un beau petit cul blanc et ferme. Une pomme d'amour. Un cul qui me dit quelque chose. Il la tient par la taille. S'acharne. S'échine à l'intérieur. Elle respire fort, gémit. Je vois son nombril, sa paire de seins mignons. Couverts de long cheveux noir. Je sais qui c'est. C'est Sasha Grey. Ma reine du porno. La plus belle et la plus salope de toutes. La plus intelligente et la plus dégueulasse. J'avais un faible pour elle. Je sais qu'elle me voit. Elle me regarde dans les yeux maintenant. Je suis paralysé. Le truc s'échine toujours sur elle. Il perd de plus en plus de bouts de viande, qui s'écrasent en suintant sur son corps magnifique. Des asticots aussi. Plus ils s'agitent plus ça grouille. Le truc ouvre grand la bouche et ricane. Alors, toutes ses dents tombent sur la ventre de Sasha. Et elle hurle. Je ne sais pas si c'est de plaisir ou d'horreur. C'est à ce moment là que le zombi me regarde. Je reconnais sa tête baveuse, verte et jaune. Son air de ressemblance avec Tullius Detritus le méchant qui sème la zizanie dans Astérix. Ce côté petit cafard crispé. C'est Eric Zemmour."



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