Le vent qui remue les branches me
fatigue
les volets qui claquent le bruissement des feuilles me
fatiguent
les grandes brassées d'oiseaux libres qui nagent dans
le ciel vaste me fatiguent
l'appétit du jour des poules des
pigeons du moindre insecte me fatiguent
les cris de joie des
petits dans la cour d'école au loin me fatiguent
le ballet des
voitures des vitrines qui s'allument des travailleurs qui triment des
feux rouges des feux verts me fatiguent
le gros rire fort du
maraicher me fatigue
la mouche qui se cogne désespérément
contre la vitre me fatigue
la musique des nuages me fatigue
le
grand jeu du jour me fatigue
la démarche parfumée des femmes la
joie des hommes l'élan la force des fleurs me fatiguent
les
chiens qui aboient les renards qui attaquent les écureuils qui
dansent me fatiguent
et l'abnégation des mères et le courage des
pères et la puissance des enfants me fatiguent
les rires et les
embrouilles les drames et puis la faim et le froid qui réveille et
le petit cawa qui stimule le sang qui fouette me fatiguent
et
toute la sauvagerie et toute la douceur et toute la sauvagerie de la
douceur et toute la douceur de la sauvagerie me fatiguent
et la
gniac et la plainte et même ce vide bleu dans lequel il n'y a plus
ni la gniac ni la plainte me fatiguent
le tic tac de l'horloge la
souris qui creuse l'abime me fatiguent
je suis le témoin la main
qui brasse et ramasse dans le vide l’œil à travers la vitre
vous
êtes grands et l'instant est immense la vie est sans limite
vous
êtes l'aube qui se déploie et vous êtes magnifiques
même nos
peines même nos douleurs même nos mensonges
je suis là pour le
voir
mes yeux s'usent mon cœur s'usent mon ventre s'use mon
esprit s'use et ainsi je suis vivant
je suis béni d'être
vivant je suis vivant d'être béni
je ne suis que le témoin la
main qui brasse et ramasse dans le vide l’œil à travers la
vitre
je suis le témoin du crime et du miracle de chaque
instant
et c'est magnifique
et ça me fatigue
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