3/31/2011

Gravats


Il a charrié des cendres et des gravats toute la journée. Ses yeux et son larynx sont pleins de poussière de plâtre. Le chef d'équipe lui a dit que l'immeuble qu'ils détruisent appartenait à une riche famille de russes expatriés avant d'être abandonné par les promoteurs au milieu des années 80. Maintenant la municipalité veut réhabiliter le lieu. Ce sera bien pour le centre ville a dit le maire. Pendant la demi-heure de bus qui le ramène chez lui personne ne s'assoie à côté. Il se dit qu'il n'y a plus que trois bières à la maison. Se demande si ce sera suffisant. Il pense qu’il doit rester du pain de mie. Ça ira. Il regarde la rue. Son front incline légèrement jusqu’à toucher la vitre. Dehors, un groupe de lycéennes marche vite en s’agitant. Il laisse traîner ses yeux sur leurs cuisses, blanches, fraîches comme le rire d’une rivière. Elles disparaissent dans son dos. Le bus ronronne entre les feux rouges. Le ciel de la ville commence à gentiment s’embraser. Les piétons ferment leurs cols. Remontent leurs gants. Se frotte le nez. Il se retient de tousser. À chaque quinte, cette douleur entre les côtes. Il ne pense presque plus rien à présent. Caresse de l’intérieur du pouce cette petite plaie au creux de sa main qui ne veut pas cicatriser. Deux trois mots retombent encore silencieusement dans la poussière blanche de ses pensées. Puis plus rien.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

****

malaine a dit…

construçao, Chico Buarque

malaine a dit…

construçao, Chico Buarque