La plage est noire. Le sable ravaudé par l'eau ressemble à des miettes de fer. La lune brille par dessus tout ça. Ce qui produit à perte de vue une impression étrange de moires étincelantes. C'est sombre mais les yeux plissent. La peau aussi se rétracte, comme les paupières, à cause du vent et du sel. De la lame du sable qui s'aiguise. Les gens viennent en procession sur la plage. Ils viennent de tout le pays voir de leurs propres yeux l'horreur du présage. Ils viennent avec des sauts, des pelles, des couvertures. Ils viennent lutter mais ça ne sert à rien. Chaque année c'est la même chose. Personne ne sait pourquoi. Chacun sait qu'ils le payeront. Les remugles de viandes mortes dominent à présent le sel et l'iode. Aux reflets du sable sombre, viennent se rajouter les éclairs métalliques que les rayons du soleil tambourinent sur les mètres cube de peaux argentées des bêtes agonisantes. Ici des centaines de baleines viennent s'échouer tous les ans sans qu'on sache pourquoi. Tintamarre de reflets éclatants et d'odeurs de mort.
5 commentaires:
connaissez vous le "Baleine" de Paul Gadenne ?
Baleines ouvertes, en miettes
et vos "miettes de fer".
- Vais fouiller ce Gadenne.
Oui Gilbert, miettes de fer et de chair...
Patagonie, avant,
une baleine échouée : la survie de toutes les familles des nomades de la mer, maintenant...il n'y a plus d'Alakaluf... les baleines n'ont plus le sens de l'orientation...la chaleur de nos corps ne servira peut-être pas...
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