2/01/2014

Chacun sa carriole

Hier soir, tout au fond de la nuit froide, rincée, martelée d'eau boueuse, aux alentours de 22 heures peut-être,  l'écho d'un roulement lancinant, caverneux, cahotant est monté dans l'obscurité jusqu'à prendre place égale avec le capharnaüm de l'eau. Semblable à un long roulement de tambour du tonnerre mais qui s'étalerait deux fois plus longtemps dans le noir, qui déborderait son chemin, un tonnerre qui sortirait de route pour s'enrouler en spirale métallique éclaboussante et durer, durer, durer, dans le paysage trempé. Après réflexion, j'ai pensé qu'il s'agissait des roues d'une benne d'acier que quelqu'un tirait ou poussait sur l'asphalte. Et plus le grognement rouillé s'installait dans la nuit, s'étalait dans le noir, se cognait au boucan de l'eau qui assaillait la terre, et plus je me disais qu'il ne pouvait s'agir que de cela. Un homme qui tirait une poubelle en métal, inlassablement, seul, sous l'orage, dans le noir. Ça n'avait pas de sens. Mais il faut parfois se rendre à l'évidence. Rendre les armes et charrier sa carriole d'absurde, comme ce type, seul avec sa poubelle, sous la pluie, dans le noir.

2 commentaires:

S. a dit…

Non mais quel barouf, ma parole !

Camille a dit…

J'en ai vu un l'autre nuit qui roulait son caddie sous la pluie. Il m'est apparu comme une vision, une demi seconde sous mes phares, j'aurais pu l'écraser, c'était sur le bord de l'autoroute. C'était un homme.