3/28/2014

Attila Jozsef

VII. Brume et Silence.
J’ai cessé d’attendre la vie.
J’existe donc comme je puis.
Si je ne puis, je n’en ai cure.
Si les jours sont nombreux, ils durent.
Le soleil déserte mes yeux,
Seule la lampe m’est un feu.
La flamme s’éteint, le sang coule.
On a des réserves en foule.
Mes agresseurs, je les épargne.
Je ne rends ni pitié ni hargne.
Que se réjouissent tous ces chiens :
Point ne sens la faim qui me tient.
J’avais vécu quelque incidence
Qui n’était ni mort ni patience.
De coups de pied on m’a rué,
Mais je tenais bon sans jurer.
Le brouillard, je l’ai vu derrière
Mille éblouissantes lumières.
Et j’ai entendu qu’au-delà
Du grand fracas de mon combat,
Qu’en haut, en bas, l’on mène danse,
Ne reste au pauvre que silence.
Brume et silence n’ont d’éclat,
Brume et silence, me voilà !
Aveugle, un fossé happera
Ce qui tâtonne dedans moi.
Châtiment terrible, inhumain ;
Attendons, attendons sa fin.
Nombreux les gens que cela vexe,
Jusqu’à ce qu’un tel crie, perplexe,
D’un fond de silence et de brume,
Sa voix montant jusqu’à la lune,
Jusqu’à la peste ! Et, par ce cri
De l’horreur, tout sera maudit :
Le chien et son maître à la fois,
En commençant, bien sûr, par moi.
Attila Jozsef 

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