1/30/2014

Juste après la pluie est en librairie aujourd'hui

Sursis

Un poulpe baille
dans ma cervelle
Matin de rien
L'insignifiant
est un plat
qui se mange
debout
avec les mains
une bulle d'air
dans la flaque gelée
l'allure d'une fille
à peine croisée
une mouche qui sèche
sur un platane
un minot
et sa crotte de nez
ça peut te sauver
une journée

1/29/2014

1/28/2014

Des beaux moments


sera en librairie dans trois jours. 
 Je suis légèrement impatient de savoir si ça va vous plaire

Pour l'occasion j'ai fait une petite toilette à ma page biblio
Shower in Woodstock

En attendant, ce week end j'étais à Villemagne l'Argentière,
 pour une belle rencontre avec Lecture vagabonde
dont voici le compte rendu. Merci à tous les gens rencontrés
pour leur gentillesse leur curiosité et leur écoute
(et une spéciale dédicace à Francine et Max)

"Compte rendu de la rencontre littéraire avec Thomas Vinau (article proposé au correspondant du Midi Libre) : Depuis sa dernière présentation dans la commune de Villemagne l’Argentière en juillet 2011, Lectures Vagabondes a fait un retour en force samedi dernier 25 janvier en réunissant dans la salle polyvalente 65 personnes venues des quatre coins de la Vallée de l’Orb, du Jaur et de la Mare pour une nouvelle rencontre littéraire avec l’auteur Thomas Vinau à l’occasion de la publication de son dernier ouvrage Ici ça va. Ce roman composé comme une succession de tableaux poétiques mêle la prédilection du jeune écrivain pour la poésie avec le récit de sa propre « conciliation au monde » à la faveur de retrouvailles avec la maison paternelle et les simples trésors de la nature. Thomas Vinau ne se lasse pas de produire d’un paragraphe et d’une page à l’autre, de petites pépites de style qu’il extrait du tamis de sa perception lucide des dérèglements de la vie humaine, pour réussir à force  de travail sur la langue à nous emmener « vers la joie ». Les lectures choisies par Francine Puech, qui menait l’entretien, ont révélé l’attention inédite de l’auteur aux choses et aux personnes telles que les a représentées le peintre américain Edward Hopper  auquel l’auteur consacre une biographie imaginaire dansBric à Brac. Tous les participants ont ensuite partagé le verre de l’amitié offert par la mairie ainsi que l’abondant buffet traditionnel, chacun regrettant de ne pas pouvoir profiter plus longuement de l’attachante personnalité de l’auteur. L’équipe de Lectures Vagabondes a vivement apprécié l’accueil chaleureux de la mairie de Villemagne l’Argentière ainsi que la contribution de la librairie de Bédarieux « La joie de connaître » à la réussite de ce beau moment culturel." Pierre

Allez lets'go
Roba y vete a Irlanda

Poétwit #6


1/27/2014

société de provocation

 
"J'appelle "société de provocation" toute société d'abondance et en expansion économique qui se livre à l'exhibitionnisme constant de ses richesses et pousse à la consommation et à la possession par la publicité, les vitrines de luxe, les étalages alléchants, tout en laissant en marge une fraction importante de la population qu'elle provoque à l'assouvissement de ses besoins réels ou artificiellement créés, en même temps qu'elle lui refuse les moyens de satisfaire cet appétit. Comment peut-on s'étonner, lorsqu'un jeune Noir du ghetto, cerné de Cadillac et de magasins de luxe, bombardé à la radio et à la télévision par une publicité frénétique qui le conditionne à sentir qu'il ne peut pas se passer de ce qu'elle lui propose, depuis le dernier modèle annuel "obligatoire" sorti par la General Motors ou Westinghouse, les vêtements, les appareils de bonheur visuels et auditifs, ainsi que les cent mille autres réincarnations saisonnières de gadgets dont vous ne pouvez vous passer à moins d'être un plouc, comment s'étonner, dites-le-moi, si ce jeune finit par se ruer à la première occasion sur les étalages béants derrière les vitrines brisées ? Sur un plan plus général, la débauche de prospérité de l'Amérique blanche finit par agir sur les masses sous-développées mais informées du tiers monde comme cette vitrine d'un magasin de luxe de la Cinquième Avenue sur un jeune chômeur de Harlem.
J'appelle donc "société de provocation" une société qui laisse une marge entre les richesses dont elle dispose et qu'elle exalte par le strip-tease publicitaire, par l'exhibitionnisme du train de vie, par la sommation à acheter et la psychose de la possession, et les moyens qu'elle donne aux masses intérieures ou extérieures de satisfaire non seulement les besoins artificiellement créés, mais encore et surtout les besoins les plus élémentaires." Romain Gary, Chien Blanc

1/26/2014

Des enfants gâtés - Jean-Pierre Marielle / jean Rochefort


Caché dans la lumière

Lumière ténue, retenue, rentrée. Une lumière qui se ravale elle même sans cesse comme une salive acide. Brume qui alourdie le col, qui diffuse ses gris sur la rouille des vignes. Le dos un peu plus lourd. L'échine un peu plus froide. Les pieds un peu plus sales. Des voitures ronronnent au loin, manières de gros fauves vautrés dans la boue noire. Chacun s'étire, se pare et se sépare. Le brouillard monte des collines. Les ados fument sur le trottoir. On s'envoie des bises du bout des doigts jusqu'à ce soir. Rendez-vous de l'autre côté de la mine.

1/24/2014

Rencontre Lectures vagabondes - Villemagne l'Argentière - Samedi 25 Janv




 RENCONTRE LITTERAIRE
Dans le cadre des Lectures Vagabondes
je serais dans la vallée de l'Orbe  
Samedi 25 janvier 2014
à Villemagne l’Argentière  
            Salle polyvalente à 18h30 
           Pour discuter de mes derniers livres avant un bon repas

           Renseignements :
           http://lectures.vagabondes.over-blog.com
           tél. 06 77 48 30 57  (Entrée libre)

Apprends moi la politesse


- Je veux te cabrioliser incessamment ! Je veux te roulader inopinément ! Je veux te saltotiser assidument ! Je veux te spiraliser infiniment ! Je veux te saupérilleutiser constamment !
- On dit Je voudrais ...

1/23/2014

Chasseur de rien

Sur l'amandier
taché de gris
trois moineaux tricotent un soleil

Sous le brouillard
les collines font le dos rond
chiens mouillés et puants
dont mes yeux vont flatter l'échine

Chasseur de rien
je décoche une flêche terne
et l'herbe trempée vibre

1/21/2014

Je marche droit vers le brouillard

Il pleut
je marche droit vers le brouillard
je marche droit vers les collines
je lèche la peau moire des vignes
leurs rameaux bistres
les nuages beiges d'adventives
l'ocre des champs
la terre humide
Il pleut
j'avance debout
sous l'eau glacée
ni horizon
ni sémaphore
mais dans mon dos
l'haleine grise d'un choucas

1/19/2014

Poétwit #5








1/18/2014

Un pays entier




































(trouvé chez Arnaud Maïsetti)

Traversin de sauvetage

Le temps sa dégoulinade
dans l'engluage de l'ennuie
la parole comme une cage
il faut attendre la sonnerie
pour s'enfuir par l'escalier
jusqu'à la cours des miracles
et du rouge à lèvre sur les mégots
Sa vie entière dans la sonnerie
qui sonne toujours trop tard
alors il reste la fenêtre
pour s'endormir comme dans un lit
et se réveiller en sursaut
rassembler ses affaires en hâte
avec encore sur la joue chaude
la marque d'un nuage

1/17/2014

Let's get lost




Chet Baker est le trompettiste le plus émouvant du monde. Chet Baker est né l'année de la grande dépression à Yale, et meurt en 1988 à Amsterdam. Aux pieds du Prins Hendrik Hotel, un matin de printemps, on trouve un homme étendu mort à côté d'une trompette. Deux étages plus haut la fenêtre est ouverte. Il s'est cassé sa gueule cassée d'ange cassé. Il a consacré beaucoup de temps dans sa vie à casser sa gueule cassée d'ange cassé. Et quand c'était pas lui c'était les autres, comme en 66 lorsque des dealers de San Francisco laissent sur le trottoir la moitié de sa mâchoire. Pas facile de jouer de la trompette sans dent. Chet Baker a traversé beaucoup de vide, beaucoup d'amour, et beaucoup de couchés de soleil. Chet baker aimait le "prez" lester young, les grosses voitures américaines, les femmes de tous les pays et les chansons d'amour. Chet Baker aimait le buggle, Charlie Parker, son pote Dizzi, l'Italie, les standards et les chambres d'hôtel. Chet Baker aimait un peu trop le speed ball aussi. Il n'a jamais retrouvé le nuage d'où il est tombé. Il a fait pas mal de peine et pas mal de belles chansons d'amour. Il chante la douleur nue et c'est du sang d'enfant qui coule de sa trompette. Un enfant éternellement seul et déçu. Qui chantonne pour ne pas pleurer. Qui se réveille, perdu, chaque jour. Il faut voir ses yeux d'oiseau usé dans Let's get lost de Bruce Weber. Il faut écouter la douceur avec laquelle cet homme a brulé.

Chet Baker, clochard céleste, portrait 47 chez Vents-Contraires

1/16/2014

Germination - Juste après la pluie - Janvier 2014


Juste après la pluie commence sa germination sereine et s'apprête, grâce aux mots des autres, à percer la terre. Merci à vous Messieurs, ça me va droit...

- Philippe Chauché sur son blog d'abord

 Chez La Cause Littéraire ensuite

- Seb chez Maxoe

- Frederick Houdaer

à suivre...

Paressons en toutes choses



"Paressons en toutes choses,
hormis en aimant et en buvant,
hormis en paressant."
Lessing.

1/13/2014

Il n'était vraiment pas un arbre


"[Le feuillage du hêtre de la scierie] était d'un dru, d'une épaisseur, d'une densité de pierre, et sa charpente (dont on ne pouvait rien voir, tant elle était couverte et recouverte de rameaux plus opaques les uns que les autres) devait être d'une force et d'une beauté rares pour porter avec tant d'élégance tant de poids accumulé. Il était surtout (à cette époque) pétri d'oiseaux et de mouches ; il contenait autant d'oiseaux et de mouches que de feuilles. Il était constamment charrué et bouleversé de corneilles, de corbeaux et d'essaims ; il éclaboussait à chaque instant des vols de rossignols et de mésanges ; il fumait de bergeronnettes et d'abeilles ; il soufflait des faucons et des taons ; il jonglait avec des balles multicolores de pinsons, de roitelets, de rouges-gorges, de pluviers et de guêpes. C'était autour de lui une ronde sans fin d'oiseaux, de papillons et de mouches dans lesquels le soleil avait l'air de se décomposer en arcs-en-ciel comme à travers des jaillissements d'embruns. Et, à l'automne, avec ses longs poils cramoisis, ses mille bras entrelacés de serpents verts, ses cent mille mains de feuillages d'or jouant avec des pompons de plumes, des lanières d'oiseaux, des poussières de cristal, il n'était vraiment pas un arbre. Les forêts, assises sur les gradins des montagnes, finissaient par le regarder en silence. Il crépitait comme un brasier ; il dansait comme seuls savent danser les êtres surnaturels, en multipliant son corps autour de son immobilité ; il ondulait autour de lui-même dans un entortillement d'écharpes, si frémissant, si mordoré, si inlassablement repétri par l'ivresse de son corps qu'on ne pouvait plus savoir s'il était enraciné par l'encramponnement de prodigieuses racines ou par la vitesse miraculeuse de la pointe de toupie sur laquelle reposent les dieux. Les forêts, assises sur les gradins de l'amphithéâtre des montagnes, dans leur grande toilette sacerdotale, n'osaient plus bouger. Cette virtuosité de beauté hypnotisait comme l'oeil des serpents ou le sang des oies sauvages sur la neige. Et, tout le long des routes qui montaient ou descendaient vers elle, s'alignait la procession des érables ensanglantés comme des bouchers."
Jean Giono - Un roi sans divertissement 

1/11/2014

Mobilis in Mobile

Il tend ses mains
mais la chaleur ne s'attrape pas
Il jette ses yeux au loin
qui ricochent et retombent
entre les angles de la lumière
Il crache des mots
qui n'atteignent personne
et éclatent à ses pieds
Il est ce qui le sépare
des autres
Il est le vent
qui traverse
les solitudes

1/08/2014

Mettons : 465g

Au cours
d'une autopsie
on pose
le coeur
sur une balance
et on le pèse

Le poids
d'un coeur d'homme
c'est quelques centaines
de grammes
je crois
mettons : 465
465g
Celui d'une femme
c'est un peu moins

Je ne sais pas
qui arrive à lire
dans le poids
du coeur d'un homme
Ni si on y trouve
la quantité de pierre
qui ont écrasés
ses rêves
ou l'origine
des ailes
qui l'ont
soulagé

Je ne sais pas
si quelqu'un
qui est mort
en aimant
et en étant aimé
a le coeur plus lourd
ou plus léger
qu'un autre

Je sais qu'au cours
d'une autopsie
on pose
le coeur
sur une balance
et on le pèse

Chet Baker - So Che Ti Perdero


1/07/2014

Tout doux

On amadou le monde
avec des mots
ce qui revient un peu
à tenir tête
à un dragon
avec une salière
dans chaque main
On amadou le monde
avec des mots
pendant ce temps
le monde se moque
de nous

"Scene after the battle."
















"Scene after the battle." Jan. 1891. View southwest from center of council circle after the fight at Wounded Knee Creek, Pine Ridge Reservation, South Dakota, shows men holding moccasins and other souvenirs among the frozen bodies of Native American Lakota Sioux on the snow covered ground. (Denver Public Library; Western History Collection) #

Tout est là : wounded-knee

1/06/2014

Constat simple



"J'en reviens toujours à ce constat simple : si un poème ne m'aide pas à vivre, à respirer mieux, alors il vaut moins pour moi qu'une clope ou un verre de vin rouge." 
Antoine Emaz, Flaques

Poétwit #4








1/04/2014

"Les hommes attiraient fréquemment les loups en brandissant un morceau de viande d'une main et les tuant avec un couteau de l'autre."Darwin

Unique espèce de canidé à avoir disparu à ce jour
Unique représentant du genre Dusicyon
Unique mammifère terrestre des Iles Malouines
Improbable mélange de loup de renard voir de coyote
Particulièrement doux avec les hommes
Le dernier loup des Falkland a définitivement disparu en 1876

1/03/2014

A l'avenir





A l'avenir
tu prendras soin
du muscle qui tend
la lèvre sur tes canines
lorsque tu dois montrer les dents

Le ciel
est une bonbonne de butane
que le shoppy du quartier
ne veut pas recycler

A l'avenir
tu classeras les éclats
par ordre alphabétique
dans le classeur métallique
de ta mémoire

Tu aménageras cet endroit
où  tes yeux vont se perdre
lorsque tu ne pense à rien

Tu te méfieras des couleurs
L'arc en ciel
est un serpent
neurotoxique

A l'avenir
tu te serviras
d'une tronçonneuse
pour couper le gâteau des rois
et d'une pince à épiler
pour débroussailler la forêt

Le futur est déjà fini
il est plus court
que le jet d'urine chaude
d'une biche sur la terre froide

Poétwit #3








1/02/2014

Une boîte en fer - Juste aprés la pluie - extrait -


Juste après la pluie de Thomas Vinau – Alma – 17 euros 
Une boîte en fer

Les jouets seront cassés
et l’argent dépensé
les vêtements usés
la viande digérée
l’alcool évaporé
les paroles envolées
mais ce petit poème
est comme une boîte en fer
qu’on enterre sous un arbre
pour le retrouver
cinquante ans plus tard
je glisse à l’intérieur
l’odeur de la salle de bains
quand tu sèches tes cheveux
pendant que le minot
me poursuit dans le couloir
avec au bout du doigt
une énorme crotte de nez

Juste après la pluie - Thomas Vinau – Alma éditeur – Janvier 2014 - 17 euros

1/01/2014

Vol plané



































(c) Alex Soth)

"Si ta révolution ne sait pas danser, ne m'invite pas à ta révolution."  
Sous-commandant Marcos.