On connait l'histoire. Victor Démé né en 1962 a enregistré son premier album à 46 ans. Sa mère était grio et son père couturier et non l'inverse. Il débute au Burkina Faso pendant la bulle de paix et de culture des années Sankara. S'ensuivent l'assassinat du bonhomme, le rétrécissement du pays et avec de ses rêves de gloires. Trente ans à jouer la musique des autres dans des petits clubs. Trente ans à élever ses six filles dans les faubourgs miséreux de Bobo Dioulasso. Ne le plaignez pas, il ne se plaint pas non plus, ça donne des ailes à son blues Mandingue, ça taille le diamant diaphane de sa voix. ça courbe son dos, ça ronge ses dents, sa tanne la peau de ses chansons. Et puis en 2005, il rencontre deux bonhommes affables (ils méritent d'être cités) Camille Louvel et David Commeillas, qui mettent leurs couilles sur la table et leurs sous dans un enregistrement d'album. Succès planétaire de la gueule cassée aux ritournelles cristallines du pays des hommes intègres. Un autre album suivra et puis voilà. Victor Démé est mort le 21 septembre 2015 du paludisme pendant que son pays se prenait un nouveau coup d'état dans la gueule.
(Ce portrait est le 71 iem d'une série appelée 70 Clochards Célestes ou presque initiée pour la revue du théâtre du Rond-Point Vents-Contraires et qui devrait pointer son nez en beau papier chez nos amis du Castor Astral l'année prochaine sous l'égide magique du sieur Poindron)
(Ce portrait est le 71 iem d'une série appelée 70 Clochards Célestes ou presque initiée pour la revue du théâtre du Rond-Point Vents-Contraires et qui devrait pointer son nez en beau papier chez nos amis du Castor Astral l'année prochaine sous l'égide magique du sieur Poindron)
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