3/20/2016

Cette nuit encore il ne s'est rien passé

Hier soir une lumière sans lune. Nuit en pelage de chien bleu. Fourrure ouatée, baratte sombre, crevassée d'obscurité, étalée en paysages  que le vent arpente seul, dessine, disperse, étale.  Tout en bas à travers la fenêtre crue de mes yeux crépuscules, les bras lancés, désarmés à renaître, décharnés de lumière, d'une branche de tilleul toute nue qui pointe en mine de plomb et s'étire en dentelles écrues pour montrer défiante au doigt charnu l'unique étoile.

A leurs pieds dans les buissons trempés, le crépitement des escargots qui déploient l'univers. La bave solidaire des petits grouillements de nos songes. Et tout un monde en suspension dans les nuages d'haleine qui flottent sur les rêves des chiens et des enfants. Cataclysmes minuscules d'alchimie folle, tornades infimes et tordues de photons et de sel, de souffle minéral et de larme terreuse, phoetus de cauchemars et lymphe de peut-être.

Les bêtes tournant sans cesse en creusant dans leurs couches une tiédeur de paix à force de temps qui pèse noir et brut froid et lourd sur les reins. Des verres brisés d'oiseaux neigent sur l'horizon replié en spirale coléoptère repu. Et les mères se lèvent pour consoler. Pensées en ruades sauvages, incontrôlable compost d'espoir et de peur, d'images et de néant. Tous les feux recroquevillés sur leurs rage. Montagne qui pleurent leurs origines. Aventure sans fin de sueur et de noeud, d'envol et de néant qui sombre au fond du sombre, qui nait sans s'en rendre compte, qui reflue en marées dans les respirations stellaires. 

A l'aube, les griffes en or du printemps.

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