Je ne sais pas pourquoi j'aime les vieilles ruelles des villes et l'ocre de leurs crépis qui s'écroulent. Les murs tapissés d'affiches déchirées, les arbustes esseulés des petits parcs sans gloire. J'aime les soupirails taiseux et la rouille des statues. J'aime tout au bout du bout de la dernière voie de la gare, la peinture effacée sur le banc de métal et les mauvaises herbes qui poussent entre les rails. Tout ce qui est neuf me semble faux. J'aime les westerns un peu salis qui se jouent derrière les tôles oxydées des hangars de campagne. Les dessins des vieux clous et de l'eau, les livres aux couvertures cornées et l'ombre du tanin sur les faïences qui ont vu grandir les enfants. Et le verre brouillardeux des anciennes cabines. Et les ciels en petite forme. Et la mousse des gouttières. Et les pelures du cuir. Et les trous des trottoirs. J'aime les couleurs délavées par trop de pluie et de soleil. Les mains qui ont servi. Les yeux qui ont pleuré. Les bêtes fatiguées. J'aime les paysages abîmés, usés, comme adoucis, qui tiennent sans gloriole leurs parts du temps passé.
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