Chaque matin il attend sur le parking du Spar que Sergio arrive. Même crevé il se refuse à rester dans la camionnette pour poiroter avec le ronron nauséeux du chauffage et la radio qui déblatère le monde. Rm pute et France ta mère il supporte plus. Y'a que Radio classique qui passe pendant le trajet mais Sergio l'est pas encore prêt. Il va chercher un café gobelet à la boulangerie du coin de la rue, l'expresso costaud qui te tord et te brûle en même temps. Et puis il retourne s'accouder au bahu pour attendre là que le collègue pointe son nez avant de rejoindre l'entrepôt. Un coup sur deux il parvient à ne pas allumer sa première clope. En laissant trainer les secondes jusqu'à se faire dépasser par le temps et ça passe mais bon de toute façon il s'en tapera une avec Sergio en remplissant la caisse. Une main dans la poche, un pied qui teste le pneu abimé, bonnet sur le front, petites gorgées serrées. Les trottoirs sont calmes et les rond-points s'agitent. Défilé de voitures, chacun dans sa bulle, dans sa boîte, dans sa tête. ça tourne comme au manège. La foire du Trône de la petite semaine. Les phares de toutes les couleurs et la croix verte du pharmacien qui clignote sur le bordel. Maintenant les bus des lycéens passent, le maraicher jette les légumes pourris à la benne en blaguant avec le boucher. Le fluo crado des gars qui font la queue à la boulange en vêtements de chantier crache dans la brume du petit jour. On voit la fumée monter des cheminées éparses vers le filet des nuages et ce drôle de saumon sale qui fraye dans le ciel d'un petit matin d'hiver. Y'a les éclats de plâtres de graisses de peintures et de ciments sur ses grolles qui mouchètent le gris du bitume, le gris de l'air, le gris de sa cervelle. On dirait du Pollock. En plus vrai et en moins cher. C'est ni beau ni laid, c'est sa vie et il est debout bien au milieu. Sergio se ramène avec ce qui ressemble bien à un sachet de croissants. Si une belle poule parfumée traverse la rue la journée commencera pas trop mal.
Mots/ textes/ poèmes/ miettes/ poussières/ brindilles/ vétilles/ et autres broutilles. - ( ISSN : 2267-3954) -
Fin de saison / Parfois / Le Noir dedans / C'est un beau jour pour ne pas mourir / Comme un lundi / Notes de Bois / Des étoiles et des chiens (76 inconsolés) / L'aube appartient aux pies /Le camp des autres / Il y a des monstres qui sont très bons / ça joue / Collection de Sombreros ? / Lettre ouverte au cours naturel des choses / La Somme / Adret/Ubac / 76 Clochards célestes ou presque / Cette nuit encore il ne s'est rien passé / Ainsi fut conçue l'ombre ... / Ferme ta gueule s'il te plait ... / Blanc / Bleu de travail / Autre Chose / Des salades / p(H)ommes de terre / Notes de Bois / La part des nuages / La mort à colorier / Juste après la pluie / Les Ailes Grises / La Bête / Tutu bleu / Miniatures Locomotives / La piste / Bric à brac Hopperien / Ici ça va / Les derniers seront les derniers / Chaque Matin / Nos cheveux blanchiront avec nos yeux / Les Murs / Un pas de côté / Du sucre sur la tête / Tenir tête à l'orage / Frida / Nuisibles / Fuyard debout / Little man / L'âne de Richard Brautigan / Trappeur / Hopper city / Dormir dans les décombres / Les carnets du corbeau / Les chiens errants n'ont pas besoin de capuches / 8pA6 /Le Trou / Voyages Immobiles /

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