1/11/2022

Des histoires

 Lorsque je marche dans la ville, je regarde les déchets comme, à la campagne, les arbres et les fleurs du chemin. Je veux dire que j'aime, y faire attention, j'aime qu'ils m'accompagnent et les histoires qu'ils me racontent. Ils me parlent de choses importantes même si elles sont parfois un peu tristes et un peu sales. La canette vide abandonnée sur le perron d'une ruelle. Le paquet de bonbon soufflé par le vent au bord du parc. Et ce jeu à gratter dans le caniveau qui n'aura sauvé le destin de personne. Aujourd'hui, en plein milieu de la place de la mairie, à côté des bennes à ordures, quelqu'un avait abandonné une énorme cage à oiseaux. Elle était complète, pas abimée, avec ses longues grilles blanches. Un papier journal en tapissait encore le fond. Tout y était intact, sa petite écuelle pleine de graines, son perchoir, une coupelle remplie d'eau. Pas d'oiseau bien sûr. Plus d'oiseaux. Echappé peut être, plus probablement mort. Alors sur un coup de tête, son propriétaire avait renoncé à sa petite part de couleur emprisonnée, finit les oiseaux. On jette tout. Et avec, la peine. Je suis resté quelques instants devant cette grande cage aux longues grilles blanches remplie de tout ce vide et d'au moins deux solitudes. Celle de l'oiseau et celle de celui qui l'avait perdu.

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