ETC-ISTE
Mots/ textes/ poèmes/ miettes/ poussières/ brindilles/ vétilles/ et autres broutilles. - ( ISSN : 2267-3954) -
2/07/2023
Le témoin
les volets qui claquent le bruissement des feuilles me fatiguent
les grandes brassées d'oiseaux libres qui nagent dans le ciel vaste me fatiguent
l'appétit du jour des poules des pigeons du moindre insecte me fatiguent
les rires et les cris des petits dans la cours d'école au loin me fatiguent
le ballet des voitures des vitrines qui s'allument des travailleurs qui triment des feux rouges des feux verts me fatiguent
le gros rire fort du maraicher me fatigue
la mouche qui se cogne désespérément contre la vitre me fatigue
la musique des nuages me fatigue
le grand jeu du jour me fatigue
la démarche parfumée des femmes la joie des hommes l'élan la force des fleurs me fatiguent
les chiens qui aboient les renards qui attaquent les écureuils qui dansent me fatiguent
et l'abnégation des mères et le courage des pères et la puissance des enfants me fatiguent
les rires et les embrouilles les drames et puis la faim et le froid qui réveille et le petit cawa qui stimule le sang qui fouette me fatiguent
et toute la sauvagerie et toute la douceur et toute la sauvagerie de la douceur et toute la douceur de la sauvagerie me fatiguent
et la gniac et la plainte et même ce vide bleu dans lequel il n'y a plus ni la gniac ni la plainte me fatiguent
le tic tac de l'horloge la souris qui creuse l'abime me fatiguent
je suis le témoin la main qui brasse et ramasse dans le vide l’œil à travers la vitre
vous êtes grand et l'instant est immense la vie est sans limite
vous êtes l'aube qui se déploie et vous êtes magnifique
même nos peines même nos douleurs même nos mensonges
je suis là pour le voir
mes yeux s'usent mon cœur s'usent mon ventre s'use mon esprit s'use et ainsi je suis vivant
je suis béni d'être vivant je suis vivant d'être béni
je ne suis que le témoin la main qui brasse et ramasse dans le vide l’œil à travers la vitre
je suis le témoin du crime et du miracle de chaque instant
et c'est magnifique
et ça me fatigue
2/06/2023
Les secrets
2/02/2023
Rencontre-Lecture Samedi 4 février, à 15h | Médiathèque Louis Aragon : Rosny sous Bois
Rendez-vous samedi à Rosny-sous-Bois pour causer ceci cela avec Happy Bib
Samedi 4 février, à 15h | Médiathèque Louis Aragon
1/31/2023
Le ventre du temps
j'ai moins de poème dans le ventre
ce n'est pas bien grave
je ne suis pas plus heureux
ni moins d'ailleurs
peut être que je digère mieux
un grand vide s'installe
blanc
tranquille
entre moi et moi
entre moi et les mots
entre moi et le monde
j'y dors chaque nuit profondément
dans le ventre du temps
j'y disparais placidement
est ce cela la sagesse
est ce cela mourir
est ce cela vivre
une disparition
placide
moins de colère
moins de peur
un feu qui couve
tout doucement
et à côté un chien
qui attend
1/29/2023
Au cul du loup
1/27/2023
Ces mots traversent les frontières, anthologie, Castor Astral
111 poètes contemporains proposent des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 20 ans à peine, le plus âgé était centenaire. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique corrosive des frontières. Leurs écrits sont d’une diversité et d’une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie de notre époque.
Anthologie réunie et présentée par Jean-Yves Reuzeau
Avant-propos de Sophie Nauleau
L’anthologie Ces mots traversent les frontières publiée aux éditions LE CASTOR ASTRAL à l’occasion du 25e Printemps des Poètes est disponible en librairie à partir du 26 janvier 2023.
Ces mots traversent les frontières, anthologie, Castor Astral, 18 euros, 480 pages.
Avec la participation de :
Dominique Ané / Anna Ayanoglou / Adeline Baldacchino / Olivier
Barbarant / Linda Maria Baros / Bartabas / Franz Bartelt / Rim Battal /
Tahar Ben Jelloun / Claudine Bertrand / Zéno Bianu / Carole Bijou /
Camille Bloomfield & Maïss Alrim Karfoul / Alexandre Bonnet-Terrile /
Alain Borer / Nicole Brossard / Loréna Bur / Tom Buron / Laure Cambau /
William Cliff / François De Cornière / Cécile Coulon / Charlélie
Couture / Benoît D’afrique / Jean D’amérique / Seyhmus Dagtekin /
Jacques Darras / Ludovic Degroote / Michel Deguy / Pauline
Delabroy-Allard / Patrice Delbourg / Denise Desautels / Cyril Dion / Kim
Doré / Ariane Dreyfus / Alain Duault / Joanna Dunis / Marie Étienne /
Étienne Faure / Christian Garcin / Albane Gellé / Jean-Louis Giovannoni /
Guy Goffette / Michelle Grangaud / Pierre Guénard / Eugénie
Hersant-Prévert / Simon Johannin / Maud Joiret / Charles Juliet / Kent /
Vénus Khoury-Ghata / Anise Koltz / Abdellatif Laâbi / Mélanie Leblanc /
Yves Leclair / Yvon Le Men / Hervé Le Tellier / Sandra Lillo / Sophie
Loizeau / Lisette Lombé / Bruno Mabille / Victor Malzac / Guillaume
Marie / Jean-Michel Maulpoix / Anna Milani / Marie Modiano / Antoine
Mouton / Anne Mulpas / Carole Naggar / Arthur Navellou / James Noël /
René De Obaldia / Georges Oucif / Martin Page / Jean-Luc Parant / Serge
Pey / Jean Portante / Nathanaëlle Quoirez / Aldo Qureshi / Suzanne
Rault-Balet / Hortense Raynal / Jacques Rebotier / Florentine Rey / Elke
De Rijcke / Blandine Rinkel / Jean Rouaud / Jacques Roubaud / Valérie
Rouzeau / James Sacré / Anna De Sandre / Éric Sarner / Eugène Savitzkaya
/ Jean-Pierre Siméon / Pierre Soletti / Jean-Luc Steinmetz / Maud
Thiria /Mila Tisserant / Gérard Titus-Carmel / Milène Tournier / Émilie
Turmel / Laura Vazquez / André Velter / Jean-Pierre Verheggen /
Laurence Vielle / Ludovic Villard / Thomas Vinau / Pierre Vinclair /
Stéphanie Vovor / Marie-Hélène Voyer / Antoine Wauters
1/24/2023
"Condamnés à bramer des poèmes et des hypothèses" - Paul Valéry
Pourquoi pas ? Pourquoi non ? Notre tête est chargée de questions et d’idées qui se prennent dans l’enchevêtrement de la forêt des faits, et nous retient embarrassés, orgueilleux de l’être, condamnés à bramer des poèmes et des hypothèses, – fiers et désespérés. "
Paul Valéry, mauvaises pensées et autres, 1941-1942
1/23/2023
1/22/2023
Sans la moindre hésitation
sans la moindre hésitation
tout doucement
tout doucement
la mousse
fomente
sa forêt
La bougie
sa lampe d'inachevé
sur la fatigue des choses
le froid tout cru
encercle la flammèche
les ombres se rapprochent
autour de la bougie
nous ne sommes plus
que la petite pelote de souffle
1/20/2023
Insuffisant
à l'école
en amour
en sport
j'étais un enfant insuffisant
adulte
père
amant
je suis un homme insuffisant
dans mes poèmes
mes romans
auteur insuffisant
je n'ai jamais eu
à me coltiner
à autre chose
qu'à mes insuffisances
peut être au moins cela
me préservera t il
rien n'est certain
de la suffisance
1/18/2023
La cantoche
Une lune
une nuit
une vie
mange la lune qui luit sur l'horizon glacé
mange la lune
mange la nuit
mange la vie
mange de bel appétit tout l'horizon glacé
mon bel ogre d'enfant
mon beau cœur affamé
mange le temps qui passe sur l'horizon glacé
mange les nouvelles chaussures
le chemin de l'école
les phares des voitures
mange le Cid acte III
mange les gars qui te regardent trop
mange la fille qui ne te regarde pas assez
mange le son dans le casque
mange les rires mange l'ennuie
mange le mur sur lequel tu t'appuies
et le bon vieux couloir
et la table et la fenêtre
mange l'appareil dentaire
mange la vanne mange le style
la voiture l'arrêt de bus les cris du stade l'odeur de cuisine
mange tout le temps qui passe sur l'horizon glacé
grosses bouchés sans mâcher
une lune
une nuit une vie
un matin de bahut
un jour de janvier
mange le en entier petit
gaspille ou ne gaspille pas
tout est à toi
1/13/2023
Les écureuils ne font pas le printemps
1/12/2023
1/09/2023
La porte
je regardais le programme télé
et je me demandais ce qu'elle choisirait
ou je me disais
tient ce soir elle va regarder ça
et cette simple pensée
anodine
quotidienne
ouvrait une porte
entre elle et nous
un passage spatio-temporelle
entre moi
et mon enfance
maintenant cela n'a pas
vraiment de sens
je suppose qu'elle ne regarde plus rien
puisqu'elle est morte
ou qu'elle choisi ce qu'elle veut
elle a le bouquet câble-tnt-choix absolu
au paradis
mais je continue à me poser
la même question
et le passage spatio-temporelle
perdure
la porte
reste
ouverte
extrait Le récit des Gouffres - Sagitarius A* - Thomas Vinau - Le castor Astral
"Un jour au fond de l'espace
une étoile était tellement lourde
tellement pleine d'elle-même
pleine comme mille milliers de soleils
qu'elle s'est effondrée
par son cœur.
Elle est devenue un trou
un puits sans fond
une bourrasque
en perpétuel éboulement.
Elle s'est mise à siphonner l'infini
non par le vide
mais par le plein
de son cœur.
Et rien de ce qui s'approchait d'elle
ne pouvait résister à sa puissance
d'attraction
et de disparition.
Et la toile
de l'espace
et du temps
se froissait
se pliait
se courbait
à son abord.
Et l'espace
y disparaissait
englouti.
Et le temps
y disparaissait
englouti.
Et toutes les matières
y disparaissaient
englouties.
Et toutes les lumières
y disparaissaient
englouties.
Engloutis
par son cœur
d'étoile
trop pleine.
L'étoile trop pleine de notre monde s'appelait Sagittarius A*.
Il y a un trou de cœur d'étoile trop pleine dans chaque monde.
Il y a un trou de cœur d'étoile trop pleine dans chaque ciel.
Il y a un gouffre de cœur d'étoile trop pleine dans chaque galaxie.
Il y a un point d'aiguille plus noir que tous les noirs, plus profond
que tous les profonds, plus puissant que toutes les puissances, qui fait
se tordre l'espace-temps, où tout peut disparaître et où tout peut
renaître, dans chaque cosmos.
Et crois-moi mon enfant,
il y a un trou d'étoile trop pleine
prêt à tout dévaster
dans chaque être vivant."
(P128-130)
éditions Le Castor Astral
1/06/2023
1/04/2023
1/02/2023
Premier lundi de janvier
travail repoussé
déjeuner qui traîne en longueur
huppe fasciée dans le jardin
petit footing sans chrono sous le premier soleil de janvier
jeux avec les enfants et le petit chien
achat sans aucune nécessité
gaufres chocolat chantilly
clope apéro
rien de rationnel
rien de rentable
rien d'indispensable voir d'utile
journée totalement perdue
autrement dit
totalement gagnée
1/01/2023
12/31/2022
Bonne année
<3 Je vous souhaite de ne pas vous faire violer, séquestrer ou écraser, de ne pas crever du cancer ni de la maladie de charcot, de ne pas voir vos gosses mourir de faim ou votre femme de soif, de ne pas avoir à manger vos parents, de ne pas brûler ni finir noyer, de ne pas vous faire dévorer par une larve un rat ou un ours, de ne pas avoir à vous couper le bras au canif pour vous libérer d'une roche ni de vous ronger le pied pour vous extraite d'un piège à loup, de ne pas vous faire irradier par le cul, de ne pas tomber sans fin dans un gouffre, de ne pas vous faire balancer aux requins d'un hélicoptère, de ne pas vous faire crucifier, ni décapiter, ni gazer, ni enfermer dans une basse-fosse, de ne pas devenir fou, de ne pas confondre le remède et le poison, de ne pas vous insérer un obus dans le mauvais trou, de ne pas vous faire pondre des œufs qui vous bouffent de l'intérieur, de ne pas vous faire larguer dans le cosmos, de ne pas perdre en même temps le goût, l’ouïe et la vue, de ne pas vivre avec un tortionnaire, de ne pas faire de descente d'organe, de ne pas devoir ré-ingurgiter éternellement votre vomi et de ne pas finir enterré vivant <3
Bisou bisou
12/30/2022
La chanson de rien
prennent leur densité d'aurore
une couche de nuit
une couche de temps
une couche d'argent
Le vieux monde abimé
saumon filant frileux
aux contours d'ombres roses
engourdi dépeigné
dégringole et se lève
d'un même geste
comme Little Némo
Aujourd'hui encore
le café sur la table
une brassée d'oiseaux pauvres
un chiot veut ses caresses
l'ombre portée de la main
dessine sur la feuille
sa chanson de rien
petit miracle gris "