12/03/2024

Savoir écrire des lettres d'amour

 Mon amour, 
J'ai cueilli pour toi un bouquet de roses du jardin afin de me faire pardonner. 
Les teintes varient. Certaines d'entres elles sont d'un rose pâle, timide, modeste, 
qui les rend particulièrement belles. 
Elles couvent, tout doucement, leurs capiteuses couleurs sur la desserte de l'entrée 
en attendant comme moi ton retour.
Ceci dit, en confectionnant le bouquet, tout absorbé par ma mission, 
j'ai malencontreusement marché dans une grosse merde fraiche de chien sans m'en rendre compte. 
J'en ai mis plein le salon. 
Je t'aime
T.

12/02/2024

nettoyage par le vide



 _ Ce serait une belle journée pour écrire, dommage que je n'aie rien à dire...

_ D'habitude tu t'en accommodes plutôt bien ...

Aujourd'hui existe

 

Aujourd'hui existe



Puisque j'ai trouvé


un fantôme d'oiseau

11/28/2024

Entreprise de retraitement des déchets


 Regarde par la fenêtre. Regarde par la fenêtre. Regarde le paysage. Ne te regarde plus. Tu es plein d'or, plein de fumier qui fume, plein de soleil perdu. Tu chevauches l'oblique d'un rayon sale, traverses les sucs gastriques du temps, tu es la couleur de l'orpiment sur la dernière feuille du tilleul. Tu n'y parviens pas encore, tu n'es pas encore hors de toi, hors de tes yeux, hors de ton ventre, de l'haleine de ta petite voix. Regarde encore, jette tes yeux, fais-toi piquer ta peau, fais-toi fendre tes lèvres, fais-toi geler tes orteils. Toujours pas, tu n'y arrives toujours pas. Tu ne regardes pas par la fenêtre, tu te regardes par la fenêtre. Tu t'habilles de feuilles, de paysages, de rayons, d'orpiment, tu te décores, ton tu te dévores. Rien ne sort de toi à part toi. à part ton moi. Les mots s'accrochent à la crasse des vitres, s'emmêlent dans les fils scintillant des toiles d'araignées. Ils laissent des traces de moi partout, des sales traces de moi qui gâchent le paysage. Ces mots vont dans la poubelle jaune, ces mots du moi qui gâchent le paysage, qui gaspillent l'or, le fumier, la fenêtre, le soleil. Ils doivent être triés, retraités, recyclés. Ce poème est une entreprise de retraitement des déchets. Il est là pour nettoyer le paysage des sales mots du moi. Il est là pour que ne reste que la fenêtre, le rayon sale, la dernière feuille du tilleul. Pour que tu sois là, enfin, proprement, pour que tu sois là sans toi, nettoyé de toi, nettoyé du moi. ce qu'il reste de toi en tout cas. Aussi entier que possible. Ou même en morceaux, rafistolés ce n'est pas grave. Une deuxième vie de toi. nettoyée du toi. Dépolluée du moi. Rafistolée. Réutilisée. A énergie propre. Prêt à habiter enfin la fenêtre, le rayon sale, la dernière feuille.

Ours


 

11/23/2024

Le despote et la buée




 Le trouble rend les choses possibles, fait naître les peut être, autorise le surgissement. Les plus belles aventures balbutient, l'aube, l'enfance, l'art. La haine n'hésite jamais, l'amour lui, comme tout ce qui est fragile n'est sûr de rien. Ce qui tranche est létal, s'affirme comme une lame de sabre. La seule grande certitude c'est la mort. Je ne sais rien et c'est ma plus grande chance. Ainsi je cherche. N' hésite pas à hésiter encore. Un jour un despote, crut retrouver à travers une vitre recouverte de condensation, la silhouette de sa mère qui cuisinait devant son fourneau lorsqu'il était petit. Cette image le troubla tant, que ses yeux en rougirent. Un de ses généraux surprit cet instant de faiblesse, il avait trouvé la fêlure qui laissait passer la lumière. Il y glissa sa dague. Le règne du despote avait cédé à la buée sur une vitre.



11/21/2024

Minus et Cortex


 

    Pendant que, pianissimo lamento, je branle mon nombril, celle-ci étudie une nurserie de coraux et parvient à implanter et développer un récif entier de grand corail bois de cerf qui supporte mieux le réchauffement des eaux. Tandis que mon égo pliqueploque froidement mieux que pluie de Novembre, celui-là, perfectionne la technique qu'il mit au point pendant de nombreuses années pour replanter un  par un, à la main, les arbres lagunaires. Alors que je badigeonne de remontées acides l'automne flamboyant dans un salon à vingt et un degré, deux astronautes qui n'étaient partis que pour une semaine, entame leurs sixième mois bloqués près des étoiles dans une station spatiale.  Cependant que je grisaille au possible les possibles du jour sur mon séant suintant, un jeune néerlandais finalise sa machine à dépolluer les océans. Pendant que je persiste à oindre ma peau grasse de gémissements tiédasses, cette éthologue qui étudie dans la jungle l'automédication des grands singes découvre une nouvelle molécule pharmaceutique qui pourrait permettre un bon dans le traitement des cancers du poumon. Ainsi au moment où, tout mollement, mon haleine âcre baigne le jour qui me passe dessus, d'autres en font, encore et toujours, leurs petits miracles. Le monde devient à nouveau grand et, tout microbe que je suis, c'est bien jolie. 

Epopée ... Patatras ! suivi de p(H)omme de Terre _ Lovy/ Vinau - La Boucherie Littéraire - Parution Décembre 2024


EPOPEE...PATATRAS !


Épopée... patatras ! est la rencontre de l’artiste suisse René Lovy et du poète français Thomas Vinau.

Réné Lovy travaille la pomme de terre, depuis vingt-cinq ans, comme d’autres travaillent le marbre ou l’acier.
Dans chaque patate qu’il a dévêtue de sa peau, c’est un peu de son âme qu’il plante dans la chair du tubercule. Aussi, sortie de son périple nourricier, la patate n’est qu’une infime chose peuplant l’univers et se fondant dans la masse du quotidien

C’est donc très naturellement que Thomas Vinau s’est emparé de l’univers du plasticien helvète pour nous offrir un texte qui nous questionne et nous remue.


Ce recueil Sur le billot pour tous est tendre et sensible, accessible à tous les lecteurs, de 7 à 107 ans.

À l'origine

En 2014, le plasticien Suisse René Lovy remportait dans son pays une résidence d'artiste de 8 mois qui se déroulait en France, dans le Sud du Luberon, en Provence.

Antoine Gallardo, qui n'avait pas encore créé les éditions la Boucherie littéraire, œuvrait déjà à une diffusion de la poésie et de l'Art. Connaissant le travail de René Lovy et apprenant la présence de ce dernier, il décidat en plus de monter exposition, de créer des rencontres et de proposer des ateliers en médiathèques, et enfin de présenter le poète Thomas Vinau à René Lovy.

De leur rencontre, René Lovy à sculpté des pommes de terre en pensant à Thomas Vinau et ce dernier à écrit en écho de ces jeunes p(h)ommes de terre séché(e)s. La création qui avait débuté au printemps 2014 s'achevait quelques mois plus tard dans le courant de l'automne. Donnant naissance en janvier 2015 au premier titre des éditions la Boucherie littéraire

10 ans plus tard, les éditions ont eu le désir de faire découvrir d'autres facettes du travail de René Lovy en complicité de la poésie de Thomas Vinau.

Parution : décembre 2024

Tirage : 1000 exemplaires Nombre de pages : 88 I.S.B.N. : 979-10-96861-65-1

Papiers Fedrigoni & Artic Paper

La couverture en Old mill, teinte Bianco, en 250g. Gardes sur Woodstock teinte Rosso en 110 g.
Le corps d’ouvrage sur dMunken print White en 115 g.

Format fermé : 110 x 170 mm Façonnage : Dos carré collé

Impression : Numérique Prix public : 22 €

Tout va bien


 La lueur de vin jaune des réverbères 
le mistral dans le feuillage fatigué du platane 
les ombres du parking 
une rumeur de voitures au loin 
parfois un chien 
ce rectangle allumé de chaque fenêtre
et derrière tranquillement 
tous ces humains à imaginer 
les petites magies agglutinées 
de nos mignonnes vies de rien

11/19/2024

Mandarine

 


Rien n'est à nous à part tout le reste. Il faut vivre comme on se lève, un peu rouillé un peu fripé,  nécessité qui fait beauté. A faire groover ses rhumatismes. Il faut aimer comme on pèle une mandarine en automne devant un nid de frelon. N'hésite pas à hésiter, et puis fonce sans réfléchir. Ne te refait pas. Beurre les tartines. Plaintes grillées au beurre salé avec sa confiture d'épine. Les soucis c'est surestimé. Dehors, la belle mort mordorée fait des dorures à tes routines. L'ambre et l'ombre, tu les dessines avec les pieds, avant que le jour te décime. Tout est orange, tout est rond, le venin patiente tendrement, le froid dégage l'horizon. Ce serait dommage de décliner. Tes bouts de doigts sentent si bon. 

11/16/2024

Le chat triste de Madame Garcia

  



       Le chat triste de Madame Garcia est une  petite peinture à l'huile de dix-huit centimètres sur douze qui habitait sur le mur du couloir de ma grand-mère. A côté du grand miroir, en face du porte-manteau, avant l'escalier montant vers les chambres, le pan de mur crépi était orné de quatre petites peintures à l'huile joliment habillées d'un cadre de bois doré tout ce qu'il y avait de plus classique. Je me souviens d'un petit paysage automnale (que j'aimerais beaucoup retrouver), d'un portrait de femme disons hasardeux et de ce chat triste. Le quatrième je l'ai oublié, à moins qu'il n'y en ait eu que trois mais sans savoir pourquoi je reste sur l'idée de quatre. Ce n'était pas de la grande peinture mais c'était de la peinture tout de même qui, depuis que ce mur était le mur du couloir de la maison de ma grand-mère, avait été là. Il patientait dans l'ombre et nous passions devant, l'été comme l'hiver, sans la moindre attention. Je n'ai jamais vraiment su qui était Madame Garcia, dont la signature naïve et appliquée ornait le bas droit du tableau sous la patte allongée du chat triste. Une amie de la famille, une cousine peut-être, en tout cas elle venait comme mes grands-parents de la vie d'avant, de là-bas. Pendant les vacances et les week-ends où nous dormions mon frère et moi à la ferme des grand-parents, chaque soir, allumant la lumière du couloir pour monter les premières marches de l'escalier en bois, le chat triste était là. Un gros gras chat couché, tigré, à la crinière lionesque, sa patte gauche de devant, maladroitement inversée par le pinceau de la peintre malhabile était tendu vers le fils d'une balle de jeu à la perspective inexistante. Il était posé là, sur le mur du couloir de ma grand-mère, avec ses grands yeux tristes, tellement là depuis toujours et pour toujours que je ne le voyais pas. Mais le toujours n'étant jamais vraiment du toujours ; le chat triste changea en même temps que les yeux de l'enfant que je ne suis plus. D'abord je l'ignorai, puis le trouvai légèrement effrayant. Longtemps, par la suite, je m'en moquai copieusement, puis à nouveau, jeune adulte, l'ignorai royalement. A présent qu'il avait changé de mur, qu'il n'y avait plus ni mes grand-parents, ni le couloir de leurs maison, ni mon enfance, à présent que je le regardai, au dessus de mon bureau, un bon demi-siècle plus loin que Madame Garcia, je prenais soudain conscience de la douceur placide de ses grands yeux tristes. Son regard avait-il toujours était si triste et si doux ? Où avait-il fallut que mon enfance s'en fut pour que la calme beauté de la compassion cachée dans ses grands yeux doux m'accompagne ?


11/13/2024

Le vieil enfant



 Automne mon vieil automne
matin mon vieux matin
poème mon vieux poème
vous revoilà fidèles
compagnons de l'enfant
le vieil enfant blotti
qui garde peur au ventre
le vieil enfant blotti
la main la vieille main
que personne ne tient

Les choses



 Bric à brac il faut bâtir
Brique par brique lumière ciment
Forteresse d'ailes de papillons 🦋
Il y a des larmes dans les choses disait Virgile
Il y a des rires aussi et des questions
Le monde ne s'est pas défait en un jour
Remonte la piste creuse le temps




11/12/2024

On vous a à l'oeil

 



Tires-laines, patachons, parangons, mirlitons, sagouineurs, traines-savates, grattes-culs, caillassons, gousses molles, moules fades, baragouines, arpagons, cros-magnons, chichouneux, suiffards, gencives noires, micropineurs, escaboteurs, verminus, scribouillards, infatués, mordmoilenoeuds...

11/08/2024

Noel en décembre - 07/08 Décembre Rencontres/Lectures avec Denis Lavant et Jacques Bonnaffé - Bain des Pâquis - Genève

 C'est Noel en décembre au Bain des Pâquis à Genève (un lieu de bains et de culture qui me parait totalement hallucinant). Et ce sera Noel avant l'heure pour moi aussi puisque je suis invité par l'ami Jérome Bouvet pour un week end de Festivité et de rencontres sous la yourte. Il ya pleins de choses qui ont l'air géniales.

le programme complet est là 

Moi j'y serai en particulier pour ces deux rendez-vous ci dessous, avec Jacques Bonnaffé et Denis Lavant rien que ça,  qui me remplissent de joie et un peu de pétoche itou ...


Samedi 7 décembre à 16h: Thomas Vinau + Mandorle (Julien Lesuisse)

Lecture et rencontre poétique avec Thomas Vinau en complicité avec Jacques Bonnaffé.

Thomas Vinau un poète, nouvelliste et romancier français qui vit dans le Luberon.

Cette rencontre sera suivie de Mandorle. Un concert solo de Julien Lesuisse mêlant mandole de chaâbi, saxophone alto et
séquenceurs. Une virée dans laquelle le dialecte sicilien et la langue française promènent ensemble des fantômes mélodieux et racontent des histoires mystérieuses, teintées de groove.


Dimanche 8 décembre à 16h: Thomas Vinau + Sébastien Olivier & Liv Van Thuyne

Deuxième lecture et rencontre poétique avec Thomas Vinau en complicité cette fois sur scène avec Denis Lavant.

Rencontre suivie d’un concert des musiques du solo OS Sébastien Olivier – et des créations du duo vocal avec Liv Van Thuyne.

Sébastien Olivier, un luthier, musicien et comédien genevois dont la générosité aime s’échapper des cadres. Un artisanat de sons et de mots entre brutalité et délicatesse.




((C)ThomasVinau)


 Quand y a pas de pont
Sois le pont

11/07/2024

C'est la vie

     Un beau jour, tu trouves une de ces petites bêtes qui t'émerveillent dans les dessins animés, t'accompagnent dans les histoires du soir ou te consolent dans la douceur des peluches de ton lit. Une de ces petites bêtes que tu n'avais jamais croisé autrement que dans la fiction, un beau jour elle est là, devant toi, en vrai. C'est un écureuil peut-être, ou alors une fauvette, ce pourrait être un hérisson, ou un lézard, un chaton, une mésange bleu, une musaraigne, ou autre chose. Peu importe, chacun la sienne, mais elle est là, en vraie, à tes pieds, dans l'herbe trempée. Et elle est morte. Son corps est dur et froid, figé dans une position étrange, sali par la boue et l'eau, abimé et sans grâce. La voilà ta petite merveille, le voilà pour de vrai le compagnon qui te console et t'accompagne dans les histoires et dans les rêves.  Tes parents te somment sévèrement de ne pas y toucher. Te parlent de maladies. Ils t'expliquent qu'une autre bête viendra la manger puis ils concluent par cette sentence aussi massive, écrasante et vaporeuse que la nuit elle même ; C'est la vie ! Voilà, comment un beau jour, tu apprends la vie. En apprenant la mort. 

11/06/2024

Pas bête la bête


 
La peur c'est malin comme tout
Elle se cache elle se cache
Dans la gueule du loup

"J'ai vu parfois au fond d'un théâtre banal" - Charles Baudelaire


 (...)

J'ai vu parfois au fond d'un théâtre banal
Qu'enflammait l'orchestre sonore,
Une fée allumer dans un ciel infernal
Une miraculeuse aurore :
J'ai vu parfois au fond d'un théâtre banal
(...)"

11/05/2024

Laura Gibson - 'Empire Builder' | All Songs Considered Sweet 16

Quand j'inventerai une fleur


     Quand j'inventerai une fleur ce sera la dernière rose de novembre. Elle sera minuscule, froissée mais solide. Elle sentira le vent de la mer qui transporte du miel et les volutes perdus d'un papier d'Arménie. Elle aura toutes les teintes de toutes les peaux de toutes les joues du monde. Elle sera comestible et s'ouvrira la nuit. Elle sera si invasive, grimpante, impudique et culottée que les amoureux et les hérissons se retrouveront en dessous. Ses épines seront phosphorescentes et sucrées. De massifs messies et d'improbables artificiers viendront s'y piquer sous la lune. Elle deviendra icône et puis émoticon, sera produite en masse, puis gaspillée, puis oubliée.  Alors elle repoussera partout, dans les parkings, sur le dos des sangliers, dans les baignoires, dans les cauchemars, au fond des caddies de supermarchés. Les canards y barboteront comme dans de la bonne vase. Les morts s'en mettront sous les bras. On en fera des bateaux, des bouées, de l'alcool, de la nourriture pour poissons, de la crème pour vielle dame usée. Tous les astronautes voudront revenir sur Terre pour voir ce qu'il se passe même Thomas Pesquet. L'histoire de l'univers changera de couleur. A la place des mots comme vermine, saleté, nuisible et de toutes les injures on voudra utiliser son nom. Mais elle n'aura pas de nom. Alors on sera bien emmerdé. 

11/04/2024

Vanitas de platas


 

 La vie ne cesse de 
rétrécir 
tu vois ?
Alors que 
nous on aurait plutôt
 tendance à nous élargir...

Cache-cache




 Dans le bleu immense
J'ai caché tous les gens que j'aime

Dans ma besace

 Dans ma besace je ramasse
L'aube en morceaux
Le petit poids
des mots qui cassent
Et les caillasses
Et les moineaux
Je mange tout
Même le trognon
Même le croupion
Les grapillons
Les champignons
Les fesses grasses
Du jour qui passe
Croque dedans
Suce les os