12/04/2010

Plus que de raison

Le soleil est venu s’incruster contre ma vitre en plein mois de décembre. Il éclabousse ma chambre et même le demi-rouleau de papier toilette rose renversé sur le sol se met soudain à briller plus que de raison. Le papier, à moitié déchiré, est parsemé de minuscules excroissances concaves. Une sorte de microscopique succession de cratères, de trous et de bosses, conçus afin d’améliorer l’adhérence de la matière à nettoyer avec le dit papier, et qui, sous les assauts de l’action du soleil éparpillent  la lumière un peu plus que de raison. Cet excès d’éclat n’a rien d’exceptionnel, je veux dire par là qu’il n’imbibe pas la pièce d’un rose excessif, par contre, il module la densité lumineuse et modifie la teinte générale en y apportant une touche de brillance et une nuance de couleur qui se diffusent dans l’air plus que de raison. Tous ainsi, la lumière, la fenêtre, la chambre, le soleil, le demi rouleau de papier toilette rose et même moi, nous retrouvons imperceptiblement modifiés, légèrement transformés, par l’entente incongrue et éphémère d’un astre irisant et d’un demi-rouleau de papier toilette rose qui brille plus que de raison.

Aucun commentaire: