On perd. On perd quelqu'un. On perd toujours. On refuse de perdre. On refuse les règles. Qui a dit qu'il fallait se voir reprendre tout ce qui fut donné. Qui a dit qu'il fallait accepter ça. On refuse de perdre. Chacun à sa manière. Accepter de perdre est une façon de refuser de perdre. Il ne s'agit pas de jeu. Personne ne gagne jamais. On peut garder plus ou moins longtemps c'est tout. On peut garder mais on ne sait pas ce qu'on peut garder. Ni combien de temps on peut le garder. Ni combien de temps l'autre peut nous garder. On sait qu'un jour tout sera perdu. Peut-être tout de suite. Peut être dans cent ans. D'ici là on aura perdu d'autres choses de toute façon. De toutes les façons on perd. On s'offre. On se donne. L'autre s'offre. On offre à un autre. Un autre nous est donné. ça finira perdu. ça finira. Comme l'espace entre deux mains. Quand deux mains se tiennent, c'est seulement deux mains qui se tiennent. Pas une partouze cosmique. Pas une flagrance mystique. Pas une victoire sur l'éternité. Simplement deux mains qui se tiennent. En sachant qu'elles finiront par se lâcher. Et comment pourraient-elle se tenir. Se chercher. Se lâcher. S'accrocher. Comment pourraient-elles si par définition elles n'étaient pas seules. Perdues seules. Puis perdues ensembles. Puis perdues de lâcher ou d'être lâchées. Puis perdues de perdre à nouveau. Puis seules à nouveau. Ce n'est pas très grave. C'est triste mais ce n'est pas très grave. Pendant un moment ces deux se sont tenues. Du dinosaure à la fourmis. Un organisme n'existe que dans les conditions implicites de cette règle. Un homme n'existe que dans la résistance implicite à ces conditions. Comme un oiseaux dans le vent ou une mouche dans le sucre. La perte est notre élément primordiale. Notre soupe originelle. Notre seul dieu. Vivre consiste à danser avec elle pour une durée relative. Pendant un moment ces deux se sont tenues. Parfois à défaut de pouvoir garder ce qu'on perd, on garde la perte. Un morceau de vide dans le petit chaud doux de sa main.
1 commentaire:
« Seul l’amour permet à la jouissance de condescendre au désir » Jacques Lacan
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