Il est le conte.
Il est le conte que l’on s’invente et c’est lui qui nous invente.
Il joue. Et le monde est son jeu. Il triche. Et le monde est son mensonge. Il se moque. Et nous sommes sa moquerie.
Il s’appelle Coyote.
Vieux Coyote.
Coyote le Fou.
Vieille Bestiole Farceuse.
Nous sommes sa méprise. Sa farce. Nous sommes là pour qu’il se régale.
Il n’écoute rien. Il n’écoute pas. Ne s’écoute pas. Ne se souvient pas.
Il n’apprend pas. Il fait tout et son contraire. Il fait rien et son contraire.
Il confond tout. Nous nous prenons les pieds dans sa confusion.
Et lui aussi.
Et nous tombons ensemble.
Il n’écoute qu’une unique chose
Ses envies
Son ventre
Son sexe Son rire
Il met du désir partout
Et du sens nulle part
Il invente pour détruire et détruit pour inventer. C’est un coquin.
Il porte son sexe énorme, parfois les souris l’aident à le porter.
Il roule le monde et s’enroule dedans.
Il marche dans les rêves, sur les routes, au bord des rivières, en haut des montagnes. Se mange lui-même quand il a faim.
Se piège dans ses pièges.
Nous piège dans ses pièges.
Il faut s’en méfier.
Il faut s’en rire comme il se rit de nous.
C’est lui qui a fermé les portes de la mort
C’est lui qui jongle avec ses yeux
C’est lui qui viole notre pureté
Et vole notre désespoir
Il fait le mal pour faire le bien et le bien pour faire le mal.
Il se trompe.
Il nous trompe.
Il est toujours là pour montrer à quel point on se trompe.
Il est l’histoire que l’on mérite.
Nous sommes
sa farce.
(enlevé du Récit des Gouffres, et inspiré du mythe Amérindien du Vieux coyote évoqué dans Partition Rouge)
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