8/27/2023

Cannibale

Ce matin j'ai entendu les tortues faire l'amour après l'orage. Elles ahanaient comme des fossiles luisants cognant leurs désirs préhistoriques. Et puis je suis allé courir après la pluie. Il y avait du souffle partout, dans les feuillages décoiffés, dans les ombres, les flaques de la route brillante et les fossés souillés. J'ai assisté à l'enfantement d'un nuage, là haut par dessus les arbres, au bord du Mourre Nègre, plus pure que la plus pure des cocaïnes, plus bonne que la plus bonne de tes copines, des ourlets blancs denses et profonds à la fois brûlants et glacés par l'haleine de la terre, prêts à faire naître d'autres mondes, d'autres ciels, d'autres temps. J'ai eu envie de sexe, de fruits et de sang. Comme un de ces prêtes maya ou viking réclamant un sacrifice devant la beauté cannibale du monde. J'ai eu envie de vivre. Et puis je suis rentré bouffer du fromage et faire une sieste devant la téloche. On avait perdu quinze degrés dans la nuit, les enfants étaient allés manger quelque part, il restait des bières fraîches. Ce serait un beau Dimanche.


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