3/16/2024

La monnaie des pauvres

 C'est pauvre, tellement pauvre. Mes pensées sont si pauvres, mes perceptions, mes mots. Ce que je capte retiens, transcris, perçois, imagine, tellement pauvre. Ridicule, infime, ce que j'attrape, ce que je garde, ce que je vous donne. Des centièmes, des centimètres, des centimes. Même pas les pièces jaunes, les rouges, roses d'or, celles qui restent toujours au fond du porte-monnaie, qu'on ne ramasse pas quand elles tombent, oubliées aussitôt données, jetées même parfois tellement il n'y à rien à en faire. Ou alors elles s'accumulent dans le cendrier de la voiture, collée à une pastille de menthe, verdissent dans la terre,  dorment abandonnées des années entières dans la veste rangées de l'armoire. Des centimes roses d'or qui valent à peine leur poids de ferraille, dont personne ne s'est jamais attardé à regarder le dessin, anodins, répandus, oubliés aussitôt, oubliés partout, sans valeur. La monnaie des pauvres, égrainées dans les mains sales des clochards, ou dont on retrouve des boîte remplies à l'occasion, des bocaux débordant, dans les affaires des vieillards abandonnés. Il n'y a guère que les simples d'esprits et les enfants, pour y plonger leurs doigts de temps en temps et y fouiller comme un trésor, en écouter la maigre musique, y brasser leur fortune. 

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