Ce que la planche à découper toute amochée qui sèche au dessus de l'évier insiste à lui dire ne l'enchante guère. Pas plus que la confidence de l'arrosoir au plastique décoloré par trop de soleil renversé sur la terrasse. Ce n'est pas l'écuelle souillée du chien ou la théière pleine de calcaire qui lui raconteront le contraire. Ni le verre d'eau à moitié vide depuis longtemps, ni les germes surgissant de l'oignon ou des patates trop vieilles oubliées derrière le grillage rouillé du garde-manger, le médaillon d'or pourri sur la pomme talée. Les motifs effacés de la nappe restent silencieux, comme les traces sur les carreaux de la fenêtre qui laissent deviner le souffle goudronné du vent dans une sorte de ciel. Un instant, l'espace d'une brouillardeuse bénédiction, il a pris pour le bouillonnement tout cru d'un fleuve ou d'une rivière musclée par l'orage, l'éructance aigre et régulière de la rumeur des voitures sur la nationale. Et c'est le tic-tac de l'horloge qui une nouvelle fois pérore à qui mieux mieux comme le dindon au plus grand goitre. Bien sûr, comme d'habitude, c'est elle qui gagnera. Ne reste qu'à se taire et écouter tout ce que le matin ne dit pas. Il ferme les yeux et il voit. Des pieds de la taille d'une petite cuillère en argent qui trotteront, qui trotteront, sur le carrelage froid. Une femme nue, ni tout à fait une autre ni tout à fait la même, dans la buée d'une salle de bain. Un gamin récalcitrant qui trainera jusqu'à midi avec son chien. Un bout de chocolat planté dans une banane, des oiseaux qui ont faim et dans l'ombre oubliée, derrière la maison, un parterre de pâquerettes prêtes à s'ouvrir pour rien. Bienheureux souverain, celui qui choisi son vacarme.
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