Quand j'inventerai une fleur ce sera la dernière rose de novembre. Elle sera minuscule, froissée mais solide. Elle sentira le vent de la mer qui transporte du miel et les volutes perdus d'un papier d'Arménie. Elle aura toutes les teintes de toutes les peaux de toutes les joues du monde. Elle sera comestible et s'ouvrira la nuit. Elle sera si invasive, grimpante, impudique et culottée que les amoureux et les hérissons se retrouveront en dessous. Ses épines seront phosphorescentes et sucrées. De massifs messies et d'improbables artificiers viendront s'y piquer sous la lune. Elle deviendra icône et puis émoticon, sera produite en masse, puis gaspillée, puis oubliée. Alors elle repoussera partout, dans les parkings, sur le dos des sangliers, dans les baignoires, dans les cauchemars, au fond des caddies de supermarchés. Les canards y barboteront comme dans de la bonne vase. Les morts s'en mettront sous les bras. On en fera des bateaux, des bouées, de l'alcool, de la nourriture pour poissons, de la crème pour vielle dame usée. Tous les astronautes voudront revenir sur Terre pour voir ce qu'il se passe même Thomas Pesquet. L'histoire de l'univers changera de couleur. A la place des mots comme vermine, saleté, nuisible et de toutes les injures on voudra utiliser son nom. Mais elle n'aura pas de nom. Alors on sera bien emmerdé.
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