12/20/2024

Ton dernier souffle est une peau de pêche

 





Je suis sûr que les morts
ont l'aura orange de l'aurore
La lumière est le bruit qu'ils font
Quand ils s'en vont



12/15/2024

Lucio Bukowski & Lionel Soulchildren - Mortel

Saidnaya

 Il faudra se souvenir pour ceux qui ont perdu la mémoire dans la prison de Saidnaya

Se souvenir des presses hydrauliques des cuves d'acide des groupes électrogènes des cordes de pendu des cellules enterrées

Se souvenir à la place des prisonniers fous amnésiques disparus en morceaux

Leur laisser l'oubli et la folie ces pauvres ces seules ces derniers lambeaux de couverture que sont l'oubli et la folie

Et porter à nouveau chacun un centième de millier du poids de ce souvenir

Ajouter Saidnaya aux autres noms

Dans le sac de noirceur Infinie sur nos tristes épaules humaines

Il faudra se souvenir pour ceux qui ont perdu la mémoire dans la prison de Saidnaya

12/12/2024

Décorum

Est-ce qu'un objet connaît le sentiment de solitude, d'enfermement, d'abandon ? Est-ce que quelque chose nous agence quelque part pour habiter sa nuit ? Est-ce que nos silences fatigués deviennent des attrapes-poussières ? Est-ce qu'il vaut mieux une lumière chaude ou un éclairage tamisé sur les souvenirs et sur l'oubli ? Où est-ce que je pose la peur et la rancoeur ? Si on changeait la déco ?



Les petits monstres sales


Il s'est passé ici de bien étranges choses. Des petits monstres heureux ont cassé des cailloux. Ils ont bu le vilain jus du monde. Ils ont fait saigner l'arbre avant de se montrer leurs coeurs tout nus. Qui a éborgné les courges, qui a gribouillé le silence ? Il s'est passé ici de bien étrange choses. Les petits monstres sales se sont léchés comme des chiens. Ils ont posé des pièges, ont pillé le grand gris des heures qui n'avancent plus, saccagé les secondes. Pendant que les grands monstres jouaient à se montrer les dents, les petits monstres ont creusé un vrai trou dans la boue du silence. Ils se sont cachés sous nos mensonges. Un hôtel trois étoiles dans le fumier fumant. Des bras cassés sous la fumée du ciel. Ça sentait le charbon et le vieux sucre roux collé au fond du pot. Ils ont saccagé le dimanche, pillé l'horizon. Ils ont bien mis les doigts dedans. Les petits monstres sales. C'était bon.  

Il soufflait dans tout ce qu'il trouvait



 (à Denis Lavant)

Désolé pour le retard ...

La garrigue a givré
Le thym joue au sapin
Dieu a laissé un mot
Tout se passe bien


 

12/10/2024

 Magie il y a eu sous la yourte de Jérôme Bouvet, dans ce si incroyable lieu qu'est le bain des Pâquis à Genève, rempli de cygnes, de baigneurs, de fondues, de diversité, de poésie hétéroclite. Je n'ai pas de photo pour chaque artiste intervenant, pardon, mais c'était merveilleux d'assister à chaque spectacle et un bel honneur d'être escorté par Denis Lavant et Jacques Bonnaffé. Merci à eux, à Jérôme et à la joyeuse troupe !











12/03/2024

Savoir écrire des lettres d'amour

 Mon amour, 
J'ai cueilli pour toi un bouquet de roses du jardin afin de me faire pardonner. 
Les teintes varient. Certaines d'entres elles sont d'un rose pâle, timide, modeste, 
qui les rend particulièrement belles. 
Elles couvent, tout doucement, leurs capiteuses couleurs sur la desserte de l'entrée 
en attendant comme moi ton retour.
Ceci dit, en confectionnant le bouquet, tout absorbé par ma mission, 
j'ai malencontreusement marché dans une grosse merde fraiche de chien sans m'en rendre compte. 
J'en ai mis plein le salon. 
Je t'aime
T.

12/02/2024

nettoyage par le vide



 _ Ce serait une belle journée pour écrire, dommage que je n'aie rien à dire...

_ D'habitude tu t'en accommodes plutôt bien ...

Aujourd'hui existe

 

Aujourd'hui existe



Puisque j'ai trouvé


un fantôme d'oiseau

11/28/2024

Entreprise de retraitement des déchets


 Regarde par la fenêtre. Regarde par la fenêtre. Regarde le paysage. Ne te regarde plus. Tu es plein d'or, plein de fumier qui fume, plein de soleil perdu. Tu chevauches l'oblique d'un rayon sale, traverses les sucs gastriques du temps, tu es la couleur de l'orpiment sur la dernière feuille du tilleul. Tu n'y parviens pas encore, tu n'es pas encore hors de toi, hors de tes yeux, hors de ton ventre, de l'haleine de ta petite voix. Regarde encore, jette tes yeux, fais-toi piquer ta peau, fais-toi fendre tes lèvres, fais-toi geler tes orteils. Toujours pas, tu n'y arrives toujours pas. Tu ne regardes pas par la fenêtre, tu te regardes par la fenêtre. Tu t'habilles de feuilles, de paysages, de rayons, d'orpiment, tu te décores, ton tu te dévores. Rien ne sort de toi à part toi. à part ton moi. Les mots s'accrochent à la crasse des vitres, s'emmêlent dans les fils scintillant des toiles d'araignées. Ils laissent des traces de moi partout, des sales traces de moi qui gâchent le paysage. Ces mots vont dans la poubelle jaune, ces mots du moi qui gâchent le paysage, qui gaspillent l'or, le fumier, la fenêtre, le soleil. Ils doivent être triés, retraités, recyclés. Ce poème est une entreprise de retraitement des déchets. Il est là pour nettoyer le paysage des sales mots du moi. Il est là pour que ne reste que la fenêtre, le rayon sale, la dernière feuille du tilleul. Pour que tu sois là, enfin, proprement, pour que tu sois là sans toi, nettoyé de toi, nettoyé du moi. ce qu'il reste de toi en tout cas. Aussi entier que possible. Ou même en morceaux, rafistolés ce n'est pas grave. Une deuxième vie de toi. nettoyée du toi. Dépolluée du moi. Rafistolée. Réutilisée. A énergie propre. Prêt à habiter enfin la fenêtre, le rayon sale, la dernière feuille.

Ours


 

11/23/2024

Le despote et la buée




 Le trouble rend les choses possibles, fait naître les peut être, autorise le surgissement. Les plus belles aventures balbutient, l'aube, l'enfance, l'art. La haine n'hésite jamais, l'amour lui, comme tout ce qui est fragile n'est sûr de rien. Ce qui tranche est létal, s'affirme comme une lame de sabre. La seule grande certitude c'est la mort. Je ne sais rien et c'est ma plus grande chance. Ainsi je cherche. N' hésite pas à hésiter encore. Un jour un despote, crut retrouver à travers une vitre recouverte de condensation, la silhouette de sa mère qui cuisinait devant son fourneau lorsqu'il était petit. Cette image le troubla tant, que ses yeux en rougirent. Un de ses généraux surprit cet instant de faiblesse, il avait trouvé la fêlure qui laissait passer la lumière. Il y glissa sa dague. Le règne du despote avait cédé à la buée sur une vitre.



11/21/2024

Minus et Cortex


 

    Pendant que, pianissimo lamento, je branle mon nombril, celle-ci étudie une nurserie de coraux et parvient à implanter et développer un récif entier de grand corail bois de cerf qui supporte mieux le réchauffement des eaux. Tandis que mon égo pliqueploque froidement mieux que pluie de Novembre, celui-là, perfectionne la technique qu'il mit au point pendant de nombreuses années pour replanter un  par un, à la main, les arbres lagunaires. Alors que je badigeonne de remontées acides l'automne flamboyant dans un salon à vingt et un degré, deux astronautes qui n'étaient partis que pour une semaine, entame leurs sixième mois bloqués près des étoiles dans une station spatiale.  Cependant que je grisaille au possible les possibles du jour sur mon séant suintant, un jeune néerlandais finalise sa machine à dépolluer les océans. Pendant que je persiste à oindre ma peau grasse de gémissements tiédasses, cette éthologue qui étudie dans la jungle l'automédication des grands singes découvre une nouvelle molécule pharmaceutique qui pourrait permettre un bon dans le traitement des cancers du poumon. Ainsi au moment où, tout mollement, mon haleine âcre baigne le jour qui me passe dessus, d'autres en font, encore et toujours, leurs petits miracles. Le monde devient à nouveau grand et, tout microbe que je suis, c'est bien jolie. 

Epopée ... Patatras ! suivi de p(H)omme de Terre _ Lovy/ Vinau - La Boucherie Littéraire - Parution Décembre 2024


EPOPEE...PATATRAS !


Épopée... patatras ! est la rencontre de l’artiste suisse René Lovy et du poète français Thomas Vinau.

Réné Lovy travaille la pomme de terre, depuis vingt-cinq ans, comme d’autres travaillent le marbre ou l’acier.
Dans chaque patate qu’il a dévêtue de sa peau, c’est un peu de son âme qu’il plante dans la chair du tubercule. Aussi, sortie de son périple nourricier, la patate n’est qu’une infime chose peuplant l’univers et se fondant dans la masse du quotidien

C’est donc très naturellement que Thomas Vinau s’est emparé de l’univers du plasticien helvète pour nous offrir un texte qui nous questionne et nous remue.


Ce recueil Sur le billot pour tous est tendre et sensible, accessible à tous les lecteurs, de 7 à 107 ans.

À l'origine

En 2014, le plasticien Suisse René Lovy remportait dans son pays une résidence d'artiste de 8 mois qui se déroulait en France, dans le Sud du Luberon, en Provence.

Antoine Gallardo, qui n'avait pas encore créé les éditions la Boucherie littéraire, œuvrait déjà à une diffusion de la poésie et de l'Art. Connaissant le travail de René Lovy et apprenant la présence de ce dernier, il décidat en plus de monter exposition, de créer des rencontres et de proposer des ateliers en médiathèques, et enfin de présenter le poète Thomas Vinau à René Lovy.

De leur rencontre, René Lovy à sculpté des pommes de terre en pensant à Thomas Vinau et ce dernier à écrit en écho de ces jeunes p(h)ommes de terre séché(e)s. La création qui avait débuté au printemps 2014 s'achevait quelques mois plus tard dans le courant de l'automne. Donnant naissance en janvier 2015 au premier titre des éditions la Boucherie littéraire

10 ans plus tard, les éditions ont eu le désir de faire découvrir d'autres facettes du travail de René Lovy en complicité de la poésie de Thomas Vinau.

Parution : décembre 2024

Tirage : 1000 exemplaires Nombre de pages : 88 I.S.B.N. : 979-10-96861-65-1

Papiers Fedrigoni & Artic Paper

La couverture en Old mill, teinte Bianco, en 250g. Gardes sur Woodstock teinte Rosso en 110 g.
Le corps d’ouvrage sur dMunken print White en 115 g.

Format fermé : 110 x 170 mm Façonnage : Dos carré collé

Impression : Numérique Prix public : 22 €

Tout va bien


 La lueur de vin jaune des réverbères 
le mistral dans le feuillage fatigué du platane 
les ombres du parking 
une rumeur de voitures au loin 
parfois un chien 
ce rectangle allumé de chaque fenêtre
et derrière tranquillement 
tous ces humains à imaginer 
les petites magies agglutinées 
de nos mignonnes vies de rien

11/19/2024

Mandarine

 


Rien n'est à nous à part tout le reste. Il faut vivre comme on se lève, un peu rouillé un peu fripé,  nécessité qui fait beauté. A faire groover ses rhumatismes. Il faut aimer comme on pèle une mandarine en automne devant un nid de frelon. N'hésite pas à hésiter, et puis fonce sans réfléchir. Ne te refait pas. Beurre les tartines. Plaintes grillées au beurre salé avec sa confiture d'épine. Les soucis c'est surestimé. Dehors, la belle mort mordorée fait des dorures à tes routines. L'ambre et l'ombre, tu les dessines avec les pieds, avant que le jour te décime. Tout est orange, tout est rond, le venin patiente tendrement, le froid dégage l'horizon. Ce serait dommage de décliner. Tes bouts de doigts sentent si bon. 

11/16/2024

Le chat triste de Madame Garcia

  



       Le chat triste de Madame Garcia est une  petite peinture à l'huile de dix-huit centimètres sur douze qui habitait sur le mur du couloir de ma grand-mère. A côté du grand miroir, en face du porte-manteau, avant l'escalier montant vers les chambres, le pan de mur crépi était orné de quatre petites peintures à l'huile joliment habillées d'un cadre de bois doré tout ce qu'il y avait de plus classique. Je me souviens d'un petit paysage automnale (que j'aimerais beaucoup retrouver), d'un portrait de femme disons hasardeux et de ce chat triste. Le quatrième je l'ai oublié, à moins qu'il n'y en ait eu que trois mais sans savoir pourquoi je reste sur l'idée de quatre. Ce n'était pas de la grande peinture mais c'était de la peinture tout de même qui, depuis que ce mur était le mur du couloir de la maison de ma grand-mère, avait été là. Il patientait dans l'ombre et nous passions devant, l'été comme l'hiver, sans la moindre attention. Je n'ai jamais vraiment su qui était Madame Garcia, dont la signature naïve et appliquée ornait le bas droit du tableau sous la patte allongée du chat triste. Une amie de la famille, une cousine peut-être, en tout cas elle venait comme mes grands-parents de la vie d'avant, de là-bas. Pendant les vacances et les week-ends où nous dormions mon frère et moi à la ferme des grand-parents, chaque soir, allumant la lumière du couloir pour monter les premières marches de l'escalier en bois, le chat triste était là. Un gros gras chat couché, tigré, à la crinière lionesque, sa patte gauche de devant, maladroitement inversée par le pinceau de la peintre malhabile était tendu vers le fils d'une balle de jeu à la perspective inexistante. Il était posé là, sur le mur du couloir de ma grand-mère, avec ses grands yeux tristes, tellement là depuis toujours et pour toujours que je ne le voyais pas. Mais le toujours n'étant jamais vraiment du toujours ; le chat triste changea en même temps que les yeux de l'enfant que je ne suis plus. D'abord je l'ignorai, puis le trouvai légèrement effrayant. Longtemps, par la suite, je m'en moquai copieusement, puis à nouveau, jeune adulte, l'ignorai royalement. A présent qu'il avait changé de mur, qu'il n'y avait plus ni mes grand-parents, ni le couloir de leurs maison, ni mon enfance, à présent que je le regardai, au dessus de mon bureau, un bon demi-siècle plus loin que Madame Garcia, je prenais soudain conscience de la douceur placide de ses grands yeux tristes. Son regard avait-il toujours était si triste et si doux ? Où avait-il fallut que mon enfance s'en fut pour que la calme beauté de la compassion cachée dans ses grands yeux doux m'accompagne ?


11/13/2024

Le vieil enfant



 Automne mon vieil automne
matin mon vieux matin
poème mon vieux poème
vous revoilà fidèles
compagnons de l'enfant
le vieil enfant blotti
qui garde peur au ventre
le vieil enfant blotti
la main la vieille main
que personne ne tient

Les choses



 Bric à brac il faut bâtir
Brique par brique lumière ciment
Forteresse d'ailes de papillons 🦋
Il y a des larmes dans les choses disait Virgile
Il y a des rires aussi et des questions
Le monde ne s'est pas défait en un jour
Remonte la piste creuse le temps




11/12/2024

On vous a à l'oeil

 



Tires-laines, patachons, parangons, mirlitons, sagouineurs, traines-savates, grattes-culs, caillassons, gousses molles, moules fades, baragouines, arpagons, cros-magnons, chichouneux, suiffards, gencives noires, micropineurs, escaboteurs, verminus, scribouillards, infatués, mordmoilenoeuds...

11/08/2024

Noel en décembre - 07/08 Décembre Rencontres/Lectures avec Denis Lavant et Jacques Bonnaffé - Bain des Pâquis - Genève

 C'est Noel en décembre au Bain des Pâquis à Genève (un lieu de bains et de culture qui me parait totalement hallucinant). Et ce sera Noel avant l'heure pour moi aussi puisque je suis invité par l'ami Jérome Bouvet pour un week end de Festivité et de rencontres sous la yourte. Il ya pleins de choses qui ont l'air géniales.

le programme complet est là 

Moi j'y serai en particulier pour ces deux rendez-vous ci dessous, avec Jacques Bonnaffé et Denis Lavant rien que ça,  qui me remplissent de joie et un peu de pétoche itou ...


Samedi 7 décembre à 16h: Thomas Vinau + Mandorle (Julien Lesuisse)

Lecture et rencontre poétique avec Thomas Vinau en complicité avec Jacques Bonnaffé.

Thomas Vinau un poète, nouvelliste et romancier français qui vit dans le Luberon.

Cette rencontre sera suivie de Mandorle. Un concert solo de Julien Lesuisse mêlant mandole de chaâbi, saxophone alto et
séquenceurs. Une virée dans laquelle le dialecte sicilien et la langue française promènent ensemble des fantômes mélodieux et racontent des histoires mystérieuses, teintées de groove.


Dimanche 8 décembre à 16h: Thomas Vinau + Sébastien Olivier & Liv Van Thuyne

Deuxième lecture et rencontre poétique avec Thomas Vinau en complicité cette fois sur scène avec Denis Lavant.

Rencontre suivie d’un concert des musiques du solo OS Sébastien Olivier – et des créations du duo vocal avec Liv Van Thuyne.

Sébastien Olivier, un luthier, musicien et comédien genevois dont la générosité aime s’échapper des cadres. Un artisanat de sons et de mots entre brutalité et délicatesse.




((C)ThomasVinau)


 Quand y a pas de pont
Sois le pont