3/01/2025

La belle époque

 Lorsque toutes les questions 
n'étaient encore que des méduses lumineuses 
flottant dans l'espace primordial
Alors que chaque réponse 
se scissiparisait placidement
en cristaux élémentaires de nuage
Nous n'étions que
des fleurs d'abricot
occupées à paître
les rayons givré du silence
C'était le bon vieux temps
d'avant le temps
Nos couilles explosaient 
en feux d'artifices bifluorée
et s'épanouissait 
dans le non air
en couleurs 
qui n'avaient pas de nom





2/27/2025

Brindille - Abdellatif Laâbi

Qui parle
de refaire le monde ?
On voudrait simplement
le supporter
avec une brindille
de dignité
au coin des lèvres

Abdellatif Laâbi

2/26/2025

"Et sans doute pas mérités." - Richter

 


carnets de Richter
1976
18/IV, à propos de son enregistrement de la passion selon Saint Jean de Bach :
"On peut écouter cette musique chaque jour. mais ce serait alors peut être des jours trop riches et luxueux... et sans doute pas mérités."

 Bruno Monsaingeon
Arte/ Acte sud

L'ombre de ce que tu veux


 

2/24/2025

ANIMAL FABULEUX - Artzine


 ANIMAL FABULEUX

REVUE IMAGES CHIMERES MUTINERIE MULTI MEDIUMS PHOTOGRAPHIES IMAGINAIRES COPIER/COLLER NI SYSTEME ANATOMIQUE ET BIOLOGIQUE FIABLE Avec Thomas Vinau, Kevin BZG, Andy Viallat, Didier Melquiot, Peggy Viallat, Martin Page, Vieux Furet, Dominique Lucci.

Revue A4, 40 pages, intérieur couleur , couverture 300g, édition limitée 80 exemplaires. Prix / 15 euros ( frais de port inclus)

carriola éditions

2/19/2025

Vendredi 21 Fevrier - 18H30 - Bibliothèque La Salle les Alpes -


 

same old shit different way

 


A quarante six ans passés
je viens  juste de comprendre 
l'expression de Charybde en Scylla
et sa référence Homérienne 
que je ne connaissais pas
il y a pour chaque chose de la vie 
une référence Homérienne
que l'on ne soupçonne pas
chaque homme est son propre Ulysse ignorant
déchiffrant à grand peine
les panneaux de signalisation 
de Dieux colériques et versatiles
bois flotté balloté
ça fait des longues journées
same old shit different way


2/15/2025

Le bleu du miel


Sans ne rien chercher j'ai trouvé  
dans le bleu du tronc creux du vieil amandier
l'étincelant petit boucan des oiseaux
un chemin de souris
une pierre sur laquelle ont dormi les serpents
et le noeud brûlé d'un cep de vigne
dans lequel Giono aurait su tailler
mâchonnant des grains de fenouil 
le fou d'un échiquier
en échange j'ai laissé 
dans le bleu du tronc creux du vieil amandier
le mot paix
si à ton tour tu trouves 
le bleu du tronc creux du vieil amandier
à toi d'y confier
ton silence

On peut aimer d'amour des ronces


 

2/13/2025

Charles Avison 12 Concerti Grossi Nos.7-12 after D.Scarlatti, Neville Ma...

Je me suis dit qu'il fallait que je parte

 Je me suis dit qu'il fallait que je parte. Un moment est arrivé où je l'ai su. Il ne s'agissait plus de ces petites ruminations tièdes sous lesquelles chacun aime à s'étendre de temps en temps comme sous une vieilles couvertures à l'odeur un peu douteuse mais qu'on aime bien. Qu'on aime bien justement pour cette odeur douteuse. Il ne s'agissait plus de ça. Je me suis dit qu'il fallait que je parte, et ça voulait dire je pars. Je ne peux pas vraiment dire qu'il s'agissait d'une décision, mais je ne pourrais pas non plus décemment affirmer que je ne savais pas ce que j'étais en train de faire ni même que je ne l'avais pas décidé. C'est plus compliqué que ça. Tout est toujours plus compliqué que ça dans la vie. Et en même temps c'est très simple. Tout est toujours en même temps très simple dans la vie. Je me suis dit qu'il fallait que je parte et je suis parti.

2/12/2025

Les visages qui s'effacent



 Je veux écrire
sur les visages qui s'effacent
sur les voix qui ne s'entendent plus
sur les lettres oubliées

Je jette
des mots perdus
contre le temps 

Peu de choses comptent autant
que de savoir quelles chansons choisir 
pour dire au revoir à ceux qu'on aime 

Tout le monde mérite une chanson 
tout le monde mérite sa chanson

2/11/2025

# Le petit dej des champions



 Chaque matin les oiseaux sur la mangeoire 
J'essaie de prendre une photo 
Je rate la photo 
L'oiseau s'envole 
Et je peux commencer à vivre 


GR

 Plus je vieillis et plus je vais marcher souvent. Un jour mon oncle m'avait dit ça, tu verras, plus tu vieillis et plus tu vas marcher. Et bien c'est vrai. Maintenant quand je ne sais pas quoi faire je vais marcher. Regardez tous ces vieux qui marchent. Ils font des randonnées, des promenades digestives, des marches nordiques ou ils vont balader leurs chiens. Regardez le nombre de marques de polaires et de vêtements respirants et chauds pour les retraités dans les magasins de sport. C'est un vrai truc de notre époque. C'est doux, c'est bon pour tout, ça occupe, ça change les idées : Tu viens chéri on va marcher... Je me joins à la grande marche du monde. Les vieux envahiront la Terre avec leurs sachets d'amandes, leurs abricots secs, leurs gourdes Columbia, leurs Salomons, leurs Quechua et leurs genouillères à la con. 

2/08/2025

Dave Van Ronk "Hang Me, Oh Hang Me"

Vieille culotte dans le fossé

Vieille culotte dans le fossé
non ne dit rien ne parle pas
vieille culotte abandonnée
tu en as vu oui je le sais
des vertes et des trop mûres
des saintetés de saleté
des saletés de sainteté
n'ajoute rien vieille culotte
tu en as vu tant 
moi bien assez
promenons-nous dans le fossé
laissons la pluie faire son métier

2/02/2025

Journal de Jean Giono _ 1935 _ Pléiade

(Denise Bellon, Portrait de Jean Giono à son bureau, 1941. Association des Amis de Jean Giono © AKG Image / Denise Bellon)


"(...)

 Mercredi 1er Mai.

Je viens d'entrer dans mon bureau_ Nuit, 9 heures du soir. Tout a eu l'air surpris. Petits craquements. Je suis entrée dans une vie des choses qui se faisait sans moi. Comme la surprise des choses qui ne m'attendaient pas. Avant d'avoir allumé elles avaient pris la vie d'elle plus moi.

(...)

Dimanche 5 Mai.

Tous les matins. Toujours la même amertume. Au moment où on va se réveiller. Pendant ces derniers temps c'était devenu plus léger, presque blanc, presque joyeux comme une voile qui s'éloigne sure la mer. Maintenant je sais que le voilier m'a laissé. Beauté de l'île déserte. Mais plus tard. Pour le moment le marin court sur le rivage en appelant. Qu'il se souvienne que son territoire, c'est la terre. Sa patrie n'est pas la mer. Il enfoncera, dans la mer. Il sera le maître sur la terre. Regarder vers les arbres. Pour le moment, la couleur même des feuillages des arbres lui fait se souvenir du vert glauque de la mer. Il est tiré vers la mer. Cette voile là-bas. Terreur du désespoir quand elle disparaîtra. Le soleil qui se couche pour la première fois devant le premier homme. Mais après. Les feuilles seront des feuilles.

(...)

Rester dans la strict règle du drame de l'homme et du travail. Pas de féérie, pas de magie cosmique. Sur la terre. Discipline de la phrase, ordonnance des idées. Sécheresse à grosse densité poétique. (...) 

(...)

16 Juin.

La lutte contre le torrent est plus belle que la construction de la route. Le premier acte du travail, c'est se défendre (...)

24 Juin.

La densité est une qualité purement humaine. L'univers ne tient pas compte de la densité, elle n'est qu'une forme de la la personnalité de la matière. 

Bételgeuse a une densité du millième de l'air. Le désordre est un état dont l'ordre nous est inintelligible; c'est notre fatuité qui nous le fait considérer comme vicieux.

Un marais, un fleuve, la montagne, la mer, le ciel sont des désordres.

(...)"

2/01/2025

Le soleil dans la cendre

 


Après les incendies ravageurs
des villas de millionnaire en Californie
un reportage suit une riche bijoutière
qui visite les ruines de sa maison 
elle explique que sa maison était pleine d'oeuvres d'arts
qu'elle possédait un dessin original de Picasso
qu'elle n'a pas pensé à le prendre
alors qu'elle a emmené dans sa fuite
les dessins de ses enfants
c'est idiot dit-elle en souriant
mais je suis contente de les avoir sauver
en voyant ça Picasso
qui regardait TF1 en enfer
décide de redescendre sur terre
il sonne à la porte de la nouvelle villa
la bijoutière ouvre
le peintre crache dans la cendre
qui a recouvert toute la ville
et signe de son doigt souillé
le front de la vieille blonde riche
avant de la saluer 
en soulevant son chapeau 




1/30/2025

Marianne Faithfull - The Ballad Of Lucy Jordan

La forme et le fond

 Il y a une forme de lumière dans cet avant dernier jour de janvier, une lumière basse et fatiguée, aiguisée par le vent, polie par la pluie de la nuit. C'est une lumière qui n'est de nulle part, ni d'en haut ni d'en bas, qui ne vient pas plus du ciel que du sol, sans éclat, sans horizon, sans profondeur, sans consistance. Elle couve, sans savoir qu'elle est là. Rien ne s'y révèle. Elle n'est ni d'argent ni d'or, ni de cuivre ni de bronze. Elle est commune. Passable, comme un bulletin scolaire. C'est une lumière de caillasse, de buissons anonymes, d'épines, de pissenlits. Elle est là, sans force et sans foi. Elle est là comme ça, parce que c'est comme ça, parce qu'il y a le jour et la nuit. Une lumière à la petite semaine. Une lumière de jeudi, qui est là sans le vouloir, qui est là pour être entre celle d'avant et celle d'après. C'est une forme de lumière qui n'a pas la grande forme mais qui fait ce qu'elle a à faire. Une lumière de malgré tout, une lumière de tant pis, une lumière de c'est pas grave, une lumière qui tient bon. C'est notre lumière d'avant dernier jour de janvier. Et elle vaut le coup. Et nous tenons le coup avec elle. Et nous la méritons. 

Rencontres : Lons le saunier / Pontarlier / Remiremont : 4/5/6 Février 2025

 La semaine prochaine
une petite tournée chez les amis libraires de Bourgogne Franche-Comté 
si le coeur vous en dit :



 


Parcoursup


 Quand je serai grand
je serai bon 
et curieux
comme mes enfants

1/28/2025

La pluie fait briller vos yeux dans la nuit



 La nuit toute noire
toute pluie
toute nuit
la nuit toute nuit
et moi blotti
comme un hérisson sous les feuilles

les feuilles de noir
les feuilles de nuit
les feuilles de pluie
blotti bien à l'abri


j'ai creusé mon nid
dans la confortable pensée 
de votre présence

je suis dans mon lit
il pleut dans la nuit
et vous existez

vous êtes à l'abri
avec moi
dans mes pensées

je m'endors heureux 
comme un hérisson sous les feuilles


1/24/2025

Carcasse ordinaire

 



                                                                                                    (Carcasse de bœuf de Chaïm Soutine)


      Nous allons chaque matin à l'école en marchant. Il nous faut cinq minutes à peine et en passant derrière les commerces nous pouvons prendre une sorte d'impasse, tranquille et calme, sans voiture à part celles des riverains. Un vendredi sur deux cependant, depuis quelques temps, l'équarrisseur et son camion la prend pour atteindre l'arrière de la nouvelle boucherie. Ses horaires correspondent aux nôtres, aux alentours de huit heure vingt. Et voilà que, l'immuable petit chemin de l'ordinaire, ce rituel quotidien, habituel, qui laisse croire que notre vie paisible est solide, inaltérable, se transforme. Les carcasses en putréfaction nous entourent. Les relents d'un charnier nous assaillent. L'atrocité se tient là, notre condition de viande, sereine et certaine, que nous avions oubliée. Cachée dans l'ombre, toujours, si près. A une odeur près.

1/16/2025

Je veux regarder longtemps leurs visages / Thomas Vinau / La Fosse aux Ours éditions / parution 24 Janvier 2025






 

La semaine prochaine paraît ce petit texte d'une cinquantaine de pages. Il porte une histoire particulière : En avril dernier, à l'aube je tombe par hasard sur une photo, elle accroche mes yeux pour ce qu'elle recèle de merveilleux et d'atroces. je ne connaissais pas l'histoire j'ai vu depuis qu'elle était particulièrement d'actualité. j'ai longtemps regardé la photo et j'ai eu besoin d'écrire. Pendant plusieurs jours j'ai écrit ce texte ci-joint, au milieu de la vie, des enfants, du printemps. Sans trop savoir quoi ni pourquoi, sans trop avoir le choix. Cette image était comme l'île d'un naufrage, un naufrage doux et sombre. Écrire était mon unique recours à la fois pour l'atteindre et pour la quitter.

Ce petit texte compte beaucoup pour moi, d'autant plus qu'il fut accueillie par La Fosse aux Ours et son éditeur aussi discret qu'attentif. Il sera peut-être leur dernière publication, une raison de plus pour le soutenir.

Sous la photo il y avait cette légende : "Avril 1944. Rafle par la Gestapo des enfants de la colonie d'Izieu assassinés à Auschwitz."


Je veux regarder longtemps leurs visages 
Thomas Vinau, La Fosse aux Ours éditions
parution 24 Janvier 2025


1/11/2025

Parution, Épopée... patatras ! , LOVY/ VINAU, Editions La Boucherie Littéraire, 10 JANVIER 2025

 Epopée... Patatras ! est en librairie depuis hier,
un artiste un poète un Boucher ...
Des patates et des mots ...
Des patates et des hommes ...
la vie quoi !

Soutenez Éditions la Boucherie litteraire, joaillier de la petite édition toujours aventureux et appliqué, 

(ça mange aussi un éditeur)

 

 

 



 

 

 

Épopée... patatras ! est la rencontre de l’artiste suisse René Lovy et du poète français Thomas Vinau.


Réné Lovy travaille la pomme de terre, depuis vingt-cinq ans, comme d’autres travaillent le marbre ou l’acier. Dans chaque patate qu’il a dévêtue de sa peau, c’est un peu de son âme qu’il plante dans la chair du tubercule. Aussi, sortie de son périple nourricier, la patate n’est qu’une infime chose peuplant l’univers et se fondant dans la masse du quotidien.


C’est donc très naturellement que Thomas Vinau s’est emparé de l’univers du plasticien helvète pour nous offrir un texte qui nous questionne et nous remue.

 

En 2015 la Boucherie littéraire faisait paraître p(H)ommes de terre de ces deux mêmes auteurs.

En 2025 dans Épopée... patatras !, le livre nous plonge plus intimement dans les abysses de l'œuvre de René Lovy

Les éditions ont sélectionnés 14 créations offrant un panorama patatesque du travail de l'artiste. Thomas Vinau s'est senti chez lui dans cet univers tubérisé et nous offre à nouveau toute la palette de son humanité.

 

Ce livre vous offre par ailleurs, au-delà d'une revisite de p(H)ommes de terre, à découvrir article et interview de ces deux artistes.

 

En écho à cette nouvelle publication, je vous invite à lire un extrait de ce qu'écrivait Antoine Émaz à propos de p(H)ommes de terre dans Cahier Critique de Poésie paru en octobre 2015 :

 

René Lovy sculpte la pomme de terre comme d’autres artistes travaillent le marbre ou la terre glaise. Cela donne des « têtes-patates » qui, avec le temps, changent de couleur, se flétrissent, se rident ; des faces atterrées, tristes, hilares, un peu comme de petits masques de papier mâché, expressifs et grotesques.


À chaque double page, un poème de Thomas Vinau est placé en vis-à-vis de la photo d’une sculpture. Il ne s’agit pas d’une « illustration » à proprement parler, mais plutôt d’une curieuse méditation double (sculpture / écriture) sur le vivant. Homme et patate, même combat. […]


Les poèmes très courts de Vinau, en vers libres, ne sont pas sans humour, mais ils virent souvent au sombre.
[…] Cela rejoint bien l’ambivalence des sculptures de René Lovy, à la fois souvent drôles mais pas tant que ça dans leur pourrissement.

 

Lire des extraits ici.

 

Épopée... patratras !, pommes de terre sculptées et photographies couleur / N. & B. de René Lovy, poèmes de Thomas Vinau, collection Sur le billot pour tous, 90 pages, 22 €,  10 janvier 2025.

Cliquez ci-après pour adhérer à la Boucherie littéraire.

1/09/2025

Paysage partout pays nulle part


Seul comme chacun
Disponible comme jamais
Il apprenait à accueillir
À voir des paysages partout
Des peuples des vagues
des zamis des zoulous
Il cherchait la petite bête
Dans le fromage ou dans ton cou
Dans l'ombre
Là où ça pue là où c'est doux
Tout ce monde dans le monde
Ça faisait chaud aux yeux
La vie parfois se levait
Comme une belle mandarine
Au bord du trou




1/04/2025

Je serai là pour te regarder

Cher Monde, 
nous sommes le 02 Janvier 2025. 
Le frigo ronronne et les minots dorment encore.
Il n'a pas gelé cette nuit et l'entièreté du paysage à la couleur de la brique, la brique de vers Toulouse ou Montauban, là où la boue et le soleil ont mélangé leur sang. 
Dans la poussière de tes décombres, des malheureux ouvrent les yeux tandis que d'autres, bénis des Dieux, se regardent la bouche en faisant l'amour. 
Autrement dit rien ne va mieux mais tout est là, et les minots dorment, et le frigo ronronne, et les bouches baisent et c'est une bombance de miettes pour les oiseaux qui ont du bleu sous les pattes et de la nuit dans les plumes. 
Tout reste à faire, encore, toujours, Cher Monde. En mélangeant la boue, le soleil et le sang on construit des maisons.
Tout est là et tout reste à faire. 
L'éboueur sauvera un chien.
Le vieil harki qui tousse gagnera au loto.
Le ministre dira pardon à son fils et le fils merci à son père. 
Les filles sentent si bon dans le bus le matin.
Deux caissières à la pause cigarette, se tiendront la main.
Une vieille dame donnera un bonbon à un toxico.
Un arbre naitra.
Moi, je serai là pour te voler quelque chose, Cher Monde, te le voler mais pas te le prendre, te le rendre mais le donner à d'autres. 
Je serai là pour te regarder comme un enfant regarde sa mère s'en aller.
Je serai là pour te regarder, comme un homme regarde son enfant tomber puis se relever, une fois les petites roues enlevées. 
Je vole ce que personne ne veut et offre ce que personne ne demande, c'est pourquoi je te le dis, Cher Monde, tu as toute ma considération.
Tu le mérites. Et je suis fier de toi. 
Je t'assure, entend le, je suis fier de toi. 
Alors fais un effort. Redresse-toi. Souffle sur te genoux ensanglantés, sèche ta morve. 
Aie confiance en toi.
Allez, 
On y retourne
...

1/03/2025

Mais comment digérer ?

 


    Tu laisses trainer tes je-ne-sais-pas et tes ça-dépend partout. Ça rend l'univers plat et collant comme un abricot mou. Le soleil est un abricot mou qui se lève sur un abricot mou. Tu chevauches un vaisseau spatial en abricot mou qui traverse l'infini mou de ta conscience d'abricot mou. Si les dauphins étaient des chiens peut-être que les roses étaient des bites. Comment en être incertain. Tes pieds s'enfoncent, tes yeux s'enfoncent, tes mots s'enfoncent dans la gueule orange collante  de l'incertitude. Tu t'en recouvres. Tu t'en fous partout. Ça colle au monde, ça colle aux autres, ça colle au rien et même au tout. C'est beau comme deux asticots qui s'étreignent dans l'aurore molle et collante de la pensée pulpeuse d'un abricot mou. En plus un poulpe cracheur d'encre a déjà enlevé les noyaux. Tes doigts gardent un parfum d'acidité sucrée. Ton coeur perdu roule comme une roue dégonflée. Ta chute est molle et orange comme le reste. Elle colle. Tu pourrais en crever mais ça pourrait aussi te sauver. Je ne sais pas. Ça dépend.

1/02/2025

Je mange tout même la peau

La peau des autres
la peau du monde
la peau du ciel
et du brouillard
la peau des tombes
la peau des pauvres
et des vieillards
la peau qui tombe 
de la poussière dans la lumière
la peau des mômes
la peau des os
la peau des chiens
la peau des ombres
la peau de l'eau
la peau des oreilles
les lambeaux de peau
arrachés des lèvres
la peau du silence
la peau des épines
la peau des prières
la peau des oiseaux
la peau perdue
abandonnée
la petite peau des pieds 
la peau sous les ongles
la peau de la lune
vieille peau transparente
la nuit des veines sous la peau
la peau collée
arrachée
recousue
brûlée
le trou dans la peau
la peau de l'atmosphère
la peau de nos yeux
la peau du matin
la peau de la musique
la peau de l'oublie
la langue de peau
la langue de peu
la langue de mots
de peu de mots
de mots à mots
de peau à peau