3/17/2010

Une chronique d'Alain Hellissen parue dans la revue Dièrèse n°57


Little Man, Thomas Vinau ; Asphodèle-éditions 23 rue de la Matrasserie 44340 Bouguenais.

C’est le dernier poème de ce petit recueil qui lui donne son titre. Je ne résiste pas à l’envie de le reproduire ici, tant il me paraît définir avec justesse le regard que porte sur le monde Thomas Vinau :
Nous sommes des êtres minuscules dans des forêts en feu
nous sommes des rêves sur le carreau
nous sommes des danses d’aubes jaunies et nos chemises trop grandes nous tombent sur les bras
nous sommes des assassins
nous sommes des orphelins
des espoirs d’alcooliques
des lièvres épuisés
des petits renoncements
nous sommes des bêtes blessées
et seules les bêtes blessées connaissent la tendresse

Little Man est le huitième opuscule publié par Thomas Vinau pendant la seule année 2009. Il ne s’agit pas, de sa part, d’une boulimie mais d’une manière qui lui est propre de rassembler promptement ses miettes poétiques en de minuscules livres. Peu attiré par un travail au long cours, Thomas Vinau écrit dans la brièveté de scènes vécues, comme un peintre paysagiste oeuvrant à ciel ouvert. Ses poèmes illustrent la petitesse de l’homme livré au tumulte du monde. Ils s’écrivent parfois tout seuls, coulant de source tandis que le poète n’a plus qu’à les recueillir sur la page. J’ai de la chance, écrit-t-il, si ce n’est de vivre / et de ne plus vivre / je n’ai pas peur / de grand-chose. Little Man paraît dans la collection « minuscule » d’une nouvelle maison d’édition : Asphodèle-éditions, sise en pays nantais. Bons vents à elle.