4/11/2011

Les petits bouts



















La route est lourde et longue. Boueuse. Il y du ciel derrière. Il y a du ciel devant. Son souffle et ses crachats. Le sifflement des herbes qui accrochent ses jambes. Parfois il a l'impression de distinguer un mouvement. Une forme furtive. Une ombre qui s'éclipse. Mais il ne voit rien de précis. Que de l'herbe. Le ciel devant, le ciel derrière. La boue. Le vent. La route est lourde et longue. Plate comme une vie pieuse. Elle assèche la bouche. Elle tanne et elle déchire. La route c'est du temps. Et puis les orteils, et puis les talons, et puis les chevilles, les cuisses, le bassin. Le ventre, les poumons. Les mouvements des bras. Se hisser patiemment sans aucune ascension. Le ciel l'écrase. L'herbe le déchire. Le vent fouette sa peau. L'air brûle à l'intérieur. Il laisse au fur et à mesure des vestiges sur le bord. L'équipement inutile. Et puis un peu plus tard l'utile également. Et ensuite le sac. Ce qu'il reste dans ses poches. Ses chaussures. Son blouson. Puis ses derniers vêtements. Mais il pèse encore trop. La route est lourde et longue. Boueuse. Trop de ciel derrière et trop de ciel devant. Il laisse ses rêves. Ses souvenirs. Ses ambitions. Des petits bouts de lui. Son sexe. Son ventre. Un bras puis une jambe. La rate. Les organes. Ses poumons. La route est lourde et longue. Il n'ira pas au bout. Il laisse bien en vue, tout au bord des broussailles. Sa langue, ses deux yeux et son coeur. Pour le prochain peut être.

1 commentaire:

Joachim a dit…

otro dia, otra via, otra vida !