Il fallait bien une prose aérienne – phrases dégraissées, sans une once
de pathos – pour ainsi retracer avec tant de délicatesse le croisement
de deux chemins. Celui du passé, l’enfance, et celui du présent, la
réconciliation. Un homme s’installe dans une demeure abandonnée, celle
de ses parents. Au fil des jours, sans
hâte, avec pudeur, avec respect, il prend possession des lieux,
apprivoise l’environnement, dompte ces souvenirs qui affleurent tout
doux jusqu’à la révélation, la mort du père. Roman du temps qui passe,
Ici ça va se lit comme une éphéméride. Aux renoncements succède une
résurgence de désirs, une sorte de résurrection tranquille. La légèreté
de vivre prend le dessus. Les gestes désormais apaisés font leur
travail. Des bonheurs menus fleurissent. Les lendemains vont se mettre à
fredonner. En courtes pages comme s’il ne fallait point trop en dire,
rester en deçà afin de laisser place à la mélodie, Thomas Vinau fait de
l’absence un sentier sur lequel grandir : «J’apprends à ne plus écouter
la chanson lancinante de mes plaintes. J’apprends à rire plus fort.
J’apprends à recommencer.»
Le Matricule des Anges n°136. Article de Martine Laval sur Ici ça va de Thomas Vinau !! P29
Un immense merci à Martine Laval pour ce très bel article qui vient de paraître dans le bon Matricule des Anges ! Et tout pareil au Chant du Monstre, complice tendre de résistance !
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