"Premier Temps
Les
jours ne sont pas beaux en ce moment. Ils ressemblent à des
crépuscules tièdes et constants. Je suis parti sans baluchon, avec
ma veste et deux crayons. Je ne pouvais plus rester dans cet horrible
endroit, j’ai suffisamment patienté dans cette énorme salle
d’attente qui sent l’oignon et la javel. Il y faisait d’ailleurs
de plus en plus sombre et je m’ennuyais à mourir. J’ai déjà
essayé de partir en règle. Plusieurs demandes d’asiles ont été
effectuées. J’en ai encore la marque des tampons dans les arcanes
de mon cerveau. Aucune n’a abouti. Le consulat des taupes n’a
jamais répondu. Celui des étoiles me méprise. Quant à l’ambassade
des libellules autonomes, ils me prennent pour un dangereux gobeur
d’enfant. Et puis, ces postiers à blouse blanche ne m’inspiraient
aucune confiance, l’un d’entre eux m’a même volé ma montre en
ricanant que je n’en aurais plus besoin, ce en quoi il avait
parfaitement raison puisque là où je vais, en effet, personne n’en
a besoin.
Je suis parti. J’ai traversé des mers de brumes, des déserts d’inutile, des marécages d’idées reçues. J’ai laissé ma peau sur les épines, mouillé mes pieds dans les écuelles. J’ai souffert un peu en escaladant les talus, j’ai tressé les gouttes de ma sueur pour suivre le fil de la nuit. J’ai fui le temps en me cognant aux branches. J’ai traversé la nuit jusqu’à atteindre cette drôle de muraille où un propriétaire plutôt agréable, malgré ses mandibules, m’a gentiment accueilli devant son bâtiment. J’ai trouvé un rez-de-chaussée avec quelques rénovations moyennant un bail raisonnable. J’ai signé pour un temps relativement long.
(...) "
Merci Emilie, Merci Flammarion, mais surtout merci Jean-Baptiste Gendarme !
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