5/21/2014

Nos cheveux blanchiront avec nos yeux


 nos cheveux_p

 Début du livre :

L'idée

L'idée de partir était comme un petit feu de bois placé au centre de son cerveau. Au bout de quelque temps, il comprit que les flammes ne s'éteindraient pas d'elles-mêmes.
 
Des milliers de gris

Le jour de son départ, il a Sally au téléphone.
Il lui répète qu'il est désolé de partir comme ça mais qu'il a besoin d'essayer des choses.
Elle raccroche avant de craquer. Il l'imagine devant la petite fenêtre de la cuisine qui donne sur les toits de la ville. Sa façon de disparaître à travers ses yeux lorsqu'elle regarde la fumée des cheminées d'usines se mélanger au gris de l'océan.

Moby Dick

Le port est plein de perdants magnifiques. Walther hésite entre deux chalutiers des grands fonds.
L'Achab et la Terre Neuve. Il opte pour le premier et vient s'agglutiner à la longue file des demandeurs d'emploi. Merlan, cabillaud, thon ? lui demande le capitaine.
Il répond par un signe de tête et se retrouve embarqué sur le pont de l'Achab à cinq heures du matin.
Destination : l'archipel de Svalbard, en Norvège.

Tabac brun

Trier les poissons par taille. Réfrigérer les caisses. Réparer le chalut. Les mains restent froides. Le sel s'installe autour des plaies. Le vieux Kavlar lui explique que parfois, le chalut accroche un obstacle au fond de l'eau. Ça s'appelle La Croche, lâche-t-il entre deux bouffées de tabac. Si c'est un rocher, ça va. Un peu moins si c'est un vieux missile.
Le soir, ils jouent aux cartes, boivent de la bière et s'endorment tôt.
Au matin, les mouettes et les sternes se moquent de leurs visages à coup de grands cris glacés.

(...)

1 commentaire:

DomdeLyon a dit…

Un petit livre tellement grand !... Je le rouvre à l'instant... " Tu vois, on peut survivre en butinant."