6/19/2014

Ici ça va - Rencontre - 27 Juin - Pays de Redon



ACCThomasVinau
 Je serais heureux de venir discuter avec vous de
Ici ça va sélectionné pour ce 4eme Prix des lecteurs. Vendredi 27 juin à 20h30
Médiathèque de Plessé

6 commentaires:

Vincent a dit…

Je viens de terminer ce livre. Je l'ai lu d'un trait. Il est court, à peine une cinquantaine de page mais tout y est. Enfin, il y a dedans tout ce qu'on attends d'un bouquin, de l'émotion.
L'action se passe au bord puis dans une rivière. C'est l'histoire, pour reprendre l'image d'une poésie de l'auteur, d'une bête blessée qui trouve le courage grâce à la tendresse patiente d'une jeune femme de se confronter à sa plaie. La douleur est encore vivace mais un second personnage, un paysan aussi humble que tendre vient également l'aider à s'y enfoncer lentement, au rythme des saisons. Ça n'est que lorsqu'il atteint l'épicentre de sa déchirure qu'il s'en trouve libéré.

Thomas Vinau va présenter ce livre sur les terres d'un autre grand poète, René Guy Cadou dont l'itinéraire personnel ressemble pour le moins au personnage principal de son livre en témoigne ce poème ;

CHAMBRE DE LA DOULEUR extrait d’« Hélène ou le règne du végétal »

La porte est bien fermée
Une goutte de sang reste encor sur la clé

Tu n’es plus là mon père
Tu n’es pas revenu de ce côté-ci de la terre
Depuis quatre ans
Et dans la chambre je t’attends
Pour remmailler les filets bleus de la lumière

La première année j’eus bien froid
Bien du mal à porter la croix
Et j’usai mes belles mains blanches
A raboter mes propres planches
Déjà prêt à partir sans toi

Puis ce fut le printemps la pâque
Je te trouvai au fond de chaque
Sillon dans chaque grain de blé
Et dans la fleur ouverte aux flaques
Impitoyables de l’été

Jamais plus les oiseaux n’entreront dans la chambre
Ni le feu
Ni l’épaule admirable du soir
Et l’amour sera fait d’autres mains
D’autres lampes
O mon père
Afin que nous puissions nous voir.

Vincent a dit…

Henri Michaux – Repos Dans Le Malheur (1938)

Le malheur, mon grand laboureur,
Le Malheur, assois-toi,
Repose-toi,
Reposons nous un peu toi et moi,
Repose,
Tu me trouves, tu m’éprouves, tu me le prouves.
Je suis ta ruine.
Mon grand théâtre, mon havre, mon âtre,
Ma cave d’or,
Mon avenir, ma vraie mère, mon horizon.
Dans ta lumière, dans ton ampleur, dans mon horreur,
Je m’abandonne.

***

Henri Michaux - PLUME précédé de LOINTAIN INTÉRIEUR [1938]

Vincent a dit…

J'ai parlé d'une libération dans mon commentaire initial sans trop comprendre pourquoi mais je suis revenu bien malgré moi (qui puis-je ?) vers la dernière phrase du livre qui m'avait pété à la gueule ;

"J'ai tendu mon bras le plus loin possible entre les racines et le limon. Dans l'obscurité aquatique. Avec peur et confiance mêlées. Sans savoir ce que je trouverais."

et j'ai compris, cette phrase est une très belle allégorie de ce qu'est être libre.

Vincent a dit…

Ce que je me dis à moi-même
jamais ne passe mes lèvres
de ce que je lis dans les livres
ne naît pas l’oubli de mes peines

or mes peines sont ordinaires
pourquoi résisteraient-elles
à la grâce d’un vol d’oiseaux
sauvages au bord du ciel

les oiseaux migrateurs sont loin
la peine toujours se réveille
et je ne peux tendre la main
qu’à cette ombre inconnue qui m’appelle

***
Jean -Claude Pirotte

thoams a dit…

Merci Vincent pour ces très beaux poèmes et le reste. C'est un de mes poèmes préférés de Jean-Claude Pirotte

Vincent a dit…

"Le reste est avenir", Je ne comprends pas bien ce que ça veut dire mais ça m'est venu en lisant ton message. En fait au début, ce qui m'est venu c'est "J'espère que le reste est à venir", en espérant que tu me remerciais par anticipation du plaisir que je pourrais te donner en publiant d'autres poésies qui te toucheraient, c'est agréable de te faire plaisir. Mais ça c'est transformé par le jeu des sonorités ou pas par cette phrase "Le reste est avenir". L'effet qu'elle me fait c'est un peu comme quand on croise le visage d'une personne qui nous rappelle quelqu'un mais dont on ne saurait dire qui, on la dévisage alors à la recherche d'un indice qui nous permettrait de la reconnaître, intérieurement on se dit "Il me rappelle quelqu'un... mais qui ?"
Peut-être ça ne veut rien dire cette phrase. Je ne peux m'empêcher cependant de la dévisager. J'ai un indice, c'est cette phrase de René Guy Cadou, celle qui l'a fait passer dans mon esprit dans la catégorie des poètes importants ; "Le temps qui m'est donné que l'amour le prolonge". Dans "Le reste est avenir" de quel reste s'agit-il ? J'aurais tendance à dire que ce reste c'est ce qui nous manque pour que nous connaissions l'unité, le tout, pour que nous n'éprouvions plus l'angoisse du manque, pour que nous n'ayons plus mal à être. La poésie me permet d'éprouver parfois quelque chose d'une plénitude, c'est très puissant. En parlant de la dernière phrase de ton livre "Ici ça va" j'ai dit dans un commentaire au dessus qu'elle m'avait "pété à la gueule" pour exprimer cette impression de puissance qui s'en dégage et si c'est "à la gueule" que ça explose c'est parce ce que ça fait perdre la tête. Attention, perdre la tête dans le sens où on y perd son latin, dans la sens où on ne sais plus où on habite, dans le sens où on plonge dans l'inconnu, dans le sens où l'on se sent libre, dans le sens où on se sent aimé. "Le reste est avenir" veut dire que l'amour prolongera notre temps.

Merci à toi Thomas de donner ta voix à la poésie comme dit Jean-Claude Pirotte, autrement dit, merci de me péter la gueule.