4/10/2015

Demain dès l'aube


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ma rencontre avec la poésie remonte à l'école primaire, je devais avoir une dizaine d'années.
Un jour l'instit a donné cette récitation de Victor Hugo à apprendre.

Demain, dès l'aube...

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Pour la première fois une poésie me parlait. J'aime bien cette expression, "ça me parle" a propos d'une œuvre d'art, parce qu'elle dit bien ce que l'on ressent, parfois, quand on en a une devant soi, une présence. Une présence aimante. D'ailleurs, cette affection est réciproque, on parle parfois d'avoir un "coup de foudre" pour tel film ou tel roman. J'ai eu un coup de foudre pour "Demain dès l'aube" de Victor Hugo, dès que je l'ai su sur le bout des doigts, je l'ai fais tourner en boucle dans mes circuits neuronaux. Je marchais à travers la forêt, à travers la montagne, pensif, avec un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur dans les mains. Je n'ai pas compris sur le coup pourquoi cette histoire de père qui va se recueillir sur la tombe de son enfant m'avait touché, je crois l'avoir compris plus tard, en découvrant une mèche de cheveux blonds, soigneusement conservée dans une boîte en fer, au fond d'un tiroir, chez mes grand-parents. Un enfant était mort dans cette maison où j'avais passé une grande partie de mon enfance et elle en portait toujours le deuil. Finalement, "Barbara" et "Demain des l'aube" se ressemblent par leur côté mélancolique. Il y est question de la perte, de la mort, mais si on les apprends par cœur, si on se les répète, ça n'est pas pour être triste, bien au contraire, c'est pour être heureux. La poésie, c'est le bouquet de houx vert et de bruyère en fleur que Victor Hugo pose sur la tombe de sa fille. Tout ça, ça me rappelle un poème d'Atilla Joseph que je me suis longtemps répété intérieurement, lui aussi...

Le début du texte et la suite sont ici;

https://misquette.wordpress.com/2015/02/09/174-voyages/

"Vive la poésie à l'école!" J'ai trop de mal à dire "Vive l'école", douloureux souvenirs, si vous voulez plus de détails, ça vaut bien Voici ou Gala, voici un lien vers Le Cerveau du maître;

https://misquette.wordpress.com/2014/12/12/111-joyeux-noel/