3/01/2011

définitivement

Ce pourrait être encore une histoire différente. Une folle histoire. Une folle histoire de rien. Le plus grand livre du siècle. L'histoire d'un couple. Deux personnes qui s'aiment. Qui s'aiment vraiment. Profondément. Vous me direz que personne ne peut savoir s'il aime vraiment quelqu'un ou pas. Au mieux, il peut se rendre compte, à postériori, que ce qu'il prenait pour de l'amour n'en était pas. Mais cela ne peut se dérouler qu'après. Une fois l'histoire finie. Du coup c'est facile, après. On a l'impression que c'était une évidence. Mais pendant qu’on est ensemble, c'est une autre affaire. C'est un peu comme quant on explique quelque chose à quelqu'un et que l'on ponctue la démonstration par des tu vois. Et l'autre acquiesce à chaque fois. Alors on se dit bien sûr qu'il voit. Et même l'autre, celui qui écoute l'explication, il se dit qu'il voit, puisqu'il croit voir quelque chose et qu'il n'a absolument aucun moyen de savoir si ce qu'il voit correspond bien à ce que l'autre veut lui faire voir. On ne peut savoir qu'on se trompe qu'après s’être rendu compte que l'on s'est trompé, mais jamais pendant que l'on est en train de se tromper. C’est le piège. Mais ce couple, en l’occurrence, s'aime vraiment. D'un amour sincère. En plus, ils parlent la même langue. Je veux dire par là qu'ils se comprennent. Ils sont juste assez différents et assez semblables pour pouvoir partager pendant de nombreuses années. Et puis, ils ont la même vision du monde. Des choses importantes. De celles à ne pas laisser passer. De celles contre lesquelles lutter. Bref, il y a quelque chose de beau et de long à construire entre ces deux là. Peut être l'histoire d'une vie entière. Alors ils font un bout de chemin ensemble. Ils partagent le quotidien. Les petites joies. Les petites peines. Tout le bazar. Et puis un jour la fille propose quelque chose. Et le type dit simplement : Non. Et la fille dit : Ah, pourtant ce serait bien. Et le type répond : Oui je sais, ce serait bien, mais je ne me sens pas capable de le faire. La fille voit bien qu'elle a touché un point sensible, alors malgré le fait que ce truc lui tienne vraiment à coeur, elle n’insiste pas. Elle répond : Tant pis. C’est dommage. Et ce : Tant pis. C'est dommage suffit à effriter la petite forteresse de leurs coeurs. Le type se dit qu’il aurait tellement aimé ne jamais avoir à lui faire dire : Tant pis. C’est dommage. Et ça commence à le ronger comme du sel dans les yeux. C'est la première fissure. Minuscule. Invisible. Tragique. Définitivement. Voilà l'histoire. 

2 commentaires:

Michèle a dit…

Sacrée histoire. Ou plutôt sacrée façon de raconter cette histoire. J'aime cette sacrée façon de raconter cette histoire. J'aime vos histoires mais je ne sais jamais comment vous dire comment j'aime vos histoires. Comment j'aime vos poèmes. Qui sont des histoires.
Thomas Vinau. Thoams. C'est un bonheur de lire vos poèmes d'histoires.

thoams a dit…

Sacré merci !