5/28/2020

Le récit des gouffres - Extrait -

Au-dessus je ne sais pas ce qu’il y a. Un mélange de brumes, de fumées et d’obscurité. Les battements d’ailes des chauves-souris et les trilles sporadiques d’un chocard des cavernes. Des musiques de vent noir et des rires silencieux. L’eau qui rigole de la voûte du ciel. Le ruissellement luminescent de la roche. Un trou éblouissant parfois. Peut-être de nouvelles comètes qui s’inventent. Des nuées qui se fomentent. Une altitude vaporeuse d’où filtrent à la fois la lueur grise et la noirceur
claire de notre univers. Des couches nuageuses, pierreuses, argileuses, terreuses, qui nous séparent et nous protègent d’un ancien monde. D’un monde achevé. D’un cimetière.
En dessous sommeille, couche après couche, toutes les pages de vie et de mort, d’océan et de lave, de feu et de cendre, de protéines et de larmes, du grand livre insignifiant de notre étoile morte. En dessous, enfouis sous la couverture que je veille, que je garde comme le dernier gardien du fort, hiberne les circonvolutions chimiques et sanglantes, les explosions, les tentatives, les écroulements, les fusions, les fissions, les glaces et les combustions, les cabrioles sans fin dans le noir infini de notre petit météore primal.
J’habite la poche de vide entre ces deux silences.

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