" Deux
cent quatre-vingts petits, minuscules poèmes, se bousculent dans le
recueil du poète trentenaire Thomas Vinau, Juste après la pluie.
Minuscules par leur objet : des impressions fugitives, couleurs,
insectes ou rires, et par leur taille, entre trois lignes ou au plus
trente-neuf. Les mots flottent sans les bornes de la moindre
ponctuation, comme dans les poèmes d’Apollinaire. Le poète joue,
esquissant ici un calligramme – on voit le sable tomber en toutes
lettres –, faisant éclater là une synesthésie (« J’écoute / le ciel /
ouvrir / mes yeux »), parlant de « chaussures lassées ». Les mots se
répètent mais pas les images, parfois concrètes jusqu’au surréalisme,
jusqu’à « chevaucher dans la brûlure », « entasser / [ses] dégringolades
/ jusqu’à la lune », voir « des canines / qui s’envolent ». Des pépites
brillent parmi les strophes, « les édredons / en plumes d’oies /
pesaient deux tonnes », un poème nommé « 28 plumes » liste vingt-huit
oiseaux aux noms délicieux, « circaète Jean-le-Blanc » ou « locustelle
fluviatile » ; enfin, « L’ ombre serait / un sous-entendu / de la
lumière ». Imagination lumineuse qui embrasse les insignifiances du
présent, ce « gâteau de miettes » que l’auteur nomme à la fin du
recueil."
Solange Pinilla
Ci-dessus un bien bel article de Solange Pinilla (merci) dans la revue ETUDES du moi de mai à propos de Juste après la pluie qui confirme cette impression persistante que certains lecteurs comprennent parfois mieux un livre que son auteur.
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