Le
givre fait gueuler la lumière. Lorsqu'il a voulu ouvrir les yeux, sa
paupière gauche était encore collée par le sang. Il passe plusieurs
minutes, mains en coupe autour du visage, à tenter de réchauffer
lentement par son haleine la peau tuméfiée de ses joues, les
croûtes sur ses arcades fendues, l'arc en ciel de coups sur sa
petite gueule d'ange écrasé. Blotti sous un buisson d'acacias, la
buée s'échappait de son corps recroquevillé. Il reprenait ses
esprits lentement après le jeu de massacre de cette nuit et la
longue course effrénée dans les noeuds noirs de la forêt. On avait
dû retrouver le corps à présent, bleu et glacé, à se taire enfin
la gueule pleine de fumier, immergée dans l'auge des porcs. Cette
fois il était bon pour prendre la route et puis tant mieux ce serait
toujours mieux et puis merde à la merde qui lui servait de nid. Le
froid réveille la douleur. Il s'extirpe de son cocon d'épine,
renfroque ses loques et crache un bon coup l'île de glaire, de fer
et de sang qui flottait au fond de sa gorge. Petit à petit, du plat
de la main, il explore laborieusement son corps endolori. Sous
l'épaule contre la côte la douleur lui coupe le souffle. Il frotte
sa tête dans les plaques gelées de feuilles mortes et serre les
dents en pleurant jusqu'à ce que la souffrance se calme. C'est à ce
moment qu'il entend le gémissement. Alors il retourne en rampant
dans son refuge de ronces.
(...)
(cet extrait est la première page de mon prochain roman, secret pour l'instant, en espérant que ...)
2 commentaires:
On espère aussi.
On attend la suite !
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