10/15/2024

Le crocodile des neiges




 

Savon



 J'ai lavé mes pieds dans le ciel fatigué
J'ai lavé mes mains dans le trèfle trempé
J'ai lavé mes yeux ma bouche mon nez
Pour la cervelle c'est plus compliqué





10/11/2024

Allume un feu

 

Merci Enzo Enzo <3
Quelle magnifique interprétation de mon texte Allume un Feu (Vivement pas demain , éd La fosse aux ours) !
Ça me réchauffe

10/10/2024

Une grappe un peu vieille

 



Une grappe un peu vieille 

ramassée sur la treille
traine là sur la table
certains grains sont pourris
et d'autres brillent encore
comme des soleils de sang
j'y mords sans distinction
c'est un jus bien étrange
qui me coule dedans
des sucres pleins d'enfances
des parfums trépassés
vie et mort s'y mêlent
c'est amer et c'est bon
l'automne sûrement





Bonhomme


 

10/07/2024

Les rives du monde


 C'était le genre de fils de pute à superposer des galets au bord du fleuve. Je l'ai toute de suite capté parce que je suis pareil. A chaque fois que j'en croise un, j'ai envie de le poignarder. Pourtant je fais la même chose. Incapable de m'en empêcher. Dès que je me retrouve au bord de l'eau à attendre je finis par entasser des cailloux débiles. On dirait des crottes géantes de lombrics qui jalonnent les rives du monde. La vie est une marmite de beauté et de vices. 

10/06/2024

Bonnard




Bonnard ne sait pas les mains
mais il sait les culs
Bonnard ne sait pas les arbres
mais il sait le frétillement des chiens
il sait les silhouettes les ombres les reflets
il sait les fenêtres les lampes les matins
il sait aussi la nuit et la pluie
il sait la foule et le ciel au dessus
il sait les réverbères
il sait les enfants seuls
il sait l'attente des femmes
il sait les yeux à travers la vitre 
il sait la densité des buées
le grouillement des éclats
les hommes comme des bouts de papiers déchirés et collés
le drôle de cirque flou et fou que c'est de vivre
ll voudrait comprendre avec des couleurs





10/04/2024

To be or to be



 Il avait atteint
un équilibre quasi atomique
en consacrant 
une moitié de sa journée
à se plaindre
et l'autre
à s'émerveiller de la chance qu'il avait



27 Octobre - Salon du Livre métropolitain - Epopée... Patatras !

 

Dimanche 27 Octobre 2024 :


Rendez vous au salon du livre métropolitain de Marseille
avec les amis de la Boucherie Littéraire et en avant première Epopée... Patatras !
réimpression et suite de la mise en mot du merveilleux travaille patatesque de René Lovy 


Mireille Disdero de 10h à 13h

Thomas Vinau de 14h à 17h

 

 

 

LA CITADELLEOctobre une rentrée de rose & rouge vifs

Cour Demi-Lune
Salle Clerville

 

Rencontre-lecture

Thomas Vinau
de 17h à 18h

en avant première


    












Catégorie : Poésie Textes : Thomas VinauPhotographies : René LovyCollection : Collection : Sur le billot pour tousFormat : 11 x 17 cm/ Broché110 pagesla Boucherie littéraireISBN : 9791096861651 / 23 €Parution : 29/11/2024

René Lovy, plasticien suisse, travaille la pomme de terre comme d'autres le marbre ou l'acier. Dans chaque patate qu'il a dévêtue de sa peau, c'est un peu de son âme qu'il plante dans la chair du tubercule. Aussi, sortie de son périple nourricier, la patate n'est qu'une infime chose peuplant l'univers et se fondant dans la masse du quotidien. Thomas Vinau s'est emparé de cet univers pour nous offrir un texte qui nous questionne et nous remue...

10/01/2024

Tout s'arrange


Pendant la première moitié de ta vie
                                                            tu crois que tu es en train de vivre
alors que tu es en train de crever
heureusement tout s'arrange
pendant la seconde moitié de ta vie
lorsque tu crois que tu es en train de crever
alors que tu es en train de vivre



9/27/2024

Jardin de Francis Carco



 

Nino Ferrer, L'arche de Noé

 D'abord avancez les girafes

Et puis les vaches et les chevaux
Les crocodiles et les corbeaux
Les souris, les hippopotames
Et les chimpanzés
Rangez-les moi bien dans le ventre
De l'Arche de Noé

Les hommes nous ont gonflé la tête
Avec les guerres et la misère
Et la bêtise, alors on a décidé le déluge
Mais les animaux n'y étaient pour rien
Et c'est pour ça qu'on a fait
L'Arche de Noé

Alors rentrez les hyènes et les serpents
Les autruches, les pies, les dindes et les faisans
Les zèbres, les chèvres, les perroquets
Rangez-les moi bien dans le ventre
De l'Arche de Noé

Les tigres, les aigles, les buffles, les lièvres
Les mouches et les chameaux
Les éléphants, les tortues, les escargots, les marsupiaux
Les chiens, les chats, les puces, les tiques
Les ours et les blaireaux
Rangez-les moi bien dans le ventre
De l'Arche de Noé

Et tous les autres
Qui n'avaient pas pu rentrer
Regardaient la pluie
Qui commençait à tomber
Ils étaient des milliers
Devant la porte fermée
Pendant que la mer emportait
L'Arche de Noé

Nino Ferrer, L'arche de Noé

9/22/2024

Chaussettes


 J'attends la pluie qui ne vient pas
et puis le feu qui va avec 
du tabac de l'eau des miettes 
soupe de légumes sans gloriole

au dimanche soir qui s'étiole
sonnet modeste avec les restes
quelques notes de piano peut être
le vent dans le creux de mon ventre

le rien légèrement teinté d'or
de l'automne qui doucement 
tombe avec la dernière noisette

on enfile comme des chaussettes
ce sourire un peu triste d'enfant
pour la conquête nous verrons demain

9/18/2024

Pas d'inquiétude

Pas d'inquiétude
tout va bien
n'ayez pas peur
ne vous inquiétez pas
vous n'avez pas de raison d'avoir peur
nous ne craignons rien
puisque nous n'existons pas


 

Bleu sang


 Je ferme les yeux
Droit dans le soleil
Orpiment
Sang dans la bouche
J'ouvre les yeux
Voilà Marseille
Le goût du sang
devient bleu
Des mouettes graffent le vent





Qui peut le moins peut le moins

Il avait gâché
beaucoup de choses
hanté par l'idée
qu'on ne l'aimait pas
pourtant c'était vrai
la plupart du temps
on ne l'aimait pas

Dans quelques lieux dans quelques bras


 

9/12/2024

QUI PEINT L’HOMME ET LE SINGE - Paul Valéry, Mauvaises pensées

Le grand singe Colombien, quand il voit l’homme, fait aussitôt ses excréments et les lui jette à pleines mains, ce qui prouve :
 qu’il est vraiment semblable à l’homme
et qu’il le juge sainement.
M. de Loys riposte à ces volées de matières usées par des coups de fusil. La grande guenon tombe. (Le mâle fuit.)
L’homme sapiens la relève, observe et mesure le clitoris de longueur admirable, redresse le cadavre et en fait une belle photographie1."


Cf. Remarques sur l’Évolution des Primates Sud-Américains par L. Joleaud. (Revue Scientifique, 11 mai 1929.)

Littérature, Paul Valéry, Mauvaises pensées


 "Il doit observer comme s’il ignorait tout et il doit exécuter comme s’il savait tout.

Aucune connaissance dans la sensation, mais aucune ignorance dans la transformation.

Les Optimistes écrivent mal.

X est une force de la nature.

— Ce qui caractérise les forces de la nature, c’est la déperdition.

Z s’est établi dans le génie tel qu’on se figure le génie dans les esprits vulgaires.

Il interpelle, foudroie, extermine. Se promène à grands pas dans la petite chambre de son esprit. Il ne voit que ses pas, mais non la petitesse de la chambre.

Écrivains sonores – violents.
Un homme tout seul dans sa chambre jouant du trombone.

Un écrit forcené, chargé d’invectives, comme ivre de violence et riche d’épithètes et d’images foudroyantes me donne une envie invincible de sourire.

C’est que je ne puis m’empêcher de voir l’écrivain se rasseoir à telle heure à sa table et reprendre le fil de sa fureur." 


Paul Valéry, Mauvaises pensées

9/08/2024

Automne chéri




Ah l'automne l'automne chéri
les coups de feu 
du dimanche matin
les feuilles qui tombent 
la boue la pluie
Ah l'automne l'automne chéri
les noix trop noires 
et les fruits pourris
les jours étroits 
les soupes bizarres
les chaussettes sales 
la rouille et le gris
Ah l'automne l'automne chéri

9/06/2024

Écrire la journée d'une main



 Écrire la journée d'une main. Chaque geste, du réveil au sommeil. Ce qu'elle aura touché, caressé, tenu, lâché, gardé, serré, brisé. Là où elle se sera écorchée et abîmée. Ce qu'elle n'aura pu ou voulu retenir. Le silence dans les poches. Les odeurs que les doigts auront su emporter avec eux, les matières et les températures. Leurs places, le long du corps, leurs mouvements. Ce qu'elles auront appris à faire, ce qu'elles feront avec plus ou moins d'habileté. Leurs postures, la position des doigts suivant l'activité. Les tics, les petites mécaniques auxquelles elles participent, le grattement de barbe lorsque l'on réfléchit, le craquement des articulations, l'excursion dans la bouche ou dans le nez. Les petits endroits louches où elles vont se fourrer. Leur frottements sur les vitres des écrans. Ce qui les adoucit et ce qui les rends rêche. Ce qui les parfume, les souille. Comment on les néglige ou en prend soin. Comment, qui, empoignent-elles et pourquoi. Écrire la journée d'une main et voila tout l'humain derrière.


8/30/2024

La petite prière

 On ouvre la fenêtre, la terre est douce aux pieds et puis le monde est calme. On pourrait presque voir les arbres grandir, les plantes s'étendre, les serpents se chauffer. A croire que quelque chose est en marche. A croire que nos yeux s'ouvrent avec ce quelque chose. Voilà, ce doit être cela, le jour fonctionne et nos yeux s'ouvrent. Mine de rien c'est inespéré. On irait bien crapahuter quelque part, caresser le front d'une vache ou bien se rouler une cigarette serrée tout en haut d'un arbre. On irait bien à l'entrée de la ville manger des mures tièdes en regardant balancer les robes des filles qui traversent le pont. On pourrait avant de partir aérer son vieux lit, et puis en passant trouver un bout de fromage et acheter le journal pour n'y lire que la dernière page. On pourrait se dire que tout roule après tout et, qu'une fois sorti pimpant de la salle de bain, tout recommence sans fin. Car même si aucun mot, jamais, ne recolle le moindre morceau, voilà que le soleil brille sur les draps. Il faut bien que les herbes poussent, que les draps scintillent, que les vaches et les serpents et les nuages et les robes des filles nous amènent quelque part. Parce que dans chaque rayon de lumière de chaque matin de chaque nouveau jour on entend la petite prière de Charlotte Delbo.  Il faut bien se rincer, ouvrir grand les volets et marcher avec la marche et grandir avec les arbres et s'ouvrir avec nos yeux et scintiller avec les draps  afin que tous les morts du monde ne soient pas morts pour rien. 

The Drifters - Under the Boardwalk

8/29/2024

Il y a un monde pour toi

 Il y a un monde pour toi
quelque part par ici
quelque part par là bas
et même si nulle part
et même si par hasard
et même si pas vraiment
et même si en vrai non
(comme disent mes enfants)
il y a bien un monde 
et il est bien pour toi

8/28/2024

Panache

 Sautant de branches en branches
l'écureuil qui s'enfuit
me montre ses boursettes
qui lâchent avec panache
une insulte d'ici
Mes couilles sur ta tête